Commentaire de l’Evangile du Jour (7 Mai 2023 5ème Dimanche de Pâques) de l’Abbé Thierry Delumeau :
« Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes. » (Jn 14,11). La réponse de Jésus est plus que déconcertante pour les apôtres. Déjà, ils ne comprennent pas grand-chose à : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jn 14,6), à plus forte raison lorsqu’il dit : « Je suis dans le Père, et le Père est en moi ». De fait, Jésus affirme un tel mystère, qu’il est absolument incompréhensible par la simple raison sans l’aide de la foi, d’où : « Croyez-moi. » Ce mystère ne peut que laisser les apôtres sans voix et dans l’incompréhension et cela ne changera pas avant qu’ils reçoivent le don du Saint Esprit, le jour de la Pentecôte. Lui, le Paraclet, le Défenseur, leur fera comprendre toute chose dans la foi et leur rappellera les paroles de Jésus. (Cf. Jn 14,26). Cependant, Jésus enseigne ses disciples sur la profondeur du plus grand des mystères, la Sainte Trinité (« Je suis dans le Père, et le Père est en moi »), après leur avoir annoncé les mystères de l’Incarnation et de la Rédemption (« Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. »). Comme ce qu’il annonce est invérifiable en tant que tel, – d’ailleurs, comment donner des preuves d’un tel mystère ? – il leur dit de croire « à cause des œuvres elles-mêmes. », celles qui témoignent que ce qu’il dit est vrai. Que sont-elles donc ces œuvres ? Elles ne sont autres que les Saintes Ecritures annoncées par les prophètes. Autrement dit, si ce qui est annoncé se réalise, c’est donc bien lui l’Envoyé de Dieu. Alors, si c’est lui, comment pourrions-nous douter de sa parole et la remettre en cause ? Ainsi, Jean Baptiste, de la cellule de sa prison, envoie ses disciples pour demander à Jésus : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » (Mt 11,3). Et la réponse de Jésus est précisément celle-ci : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! » (Mt 11,4-6). Autrement dit, ce sont les oeuvres qui s’accomplissent, celles qui étaient annoncées par les prophètes, notamment Isaïe (29,18 ; 32,3.4 ; 35,4-6 ; 42,16-18…) : « dites aux gens qui s’affolent : ‘Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver.’ Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie ; car l’eau jaillira dans le désert, des torrents dans le pays aride… » (Is 35, 4-6) « Alors, je conduirai les aveugles sur un chemin qui leur est inconnu ; je les mènerai par des sentiers qu’ils ignorent. Je changerai, pour eux, les ténèbres en lumière ; les lieux accidentés, je les aplanirai. Telles sont les paroles que j’accomplis, je n’y renonce pas. » (Is 42, 16)… Ainsi, le Père parle par les oeuvres et rend témoignage au Fils. Ces oeuvres disent par elles-mêmes ce que Jésus dit est vrai. Il est donc la Vérité. C’est donc par lui que l’on peut connaître le Père, car venant de lui, il laisse transparaître le visage du Père : « Qui me voit, voit le Père. » dit Jésus à Philippe. Il est donc le Chemin. Et puisqu’il est dans le Père et que le Père est en lui, il est donc la Vie, car Dieu est source de toute vie. L’affirmation de Jésus : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » est la clé des mystères de l’Incarnation et de la Rédemption qui révèlent la profondeur du mystère indicible du Dieu Trinité, en qui l’homme trouve sa propre béatitude, dans le sein du Père, puisqu’il s’agit de vivre la béatitude du Père. La Vierge Marie, parmi les saints, a été celle qui a le mieux saisi, dans la profondeur de son coeur, ce mystère de vivre de Dieu, de vivre la béatitude de Dieu, au point que sa volonté ne faisait plus qu’une avec celle de Dieu. A n’en point douter, c’est le secret de sa sainteté et il n’est donc pas étonnant qu’elle nous propose d’être notre soutien et notre refuge qui nous conduisent à Dieu, comme elle l’a dit à la petite Lucie à Fatima, pour qu’à son école et par sa prière nous puissions vivre de Dieu.
