L’édito de la semaine, le 3 Septembre 2023

Commentaire de l’Evangile du Jour (3 Septembre 2023, 22ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » (Mt 16,23) dit Jésus à Pierre. Quel contraste avec les paroles de Jésus adressées juste avant à Pierre, que nous avons entendues dimanche dernier dans l’Evangile : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. » (Mt 16,17) !!! Comment Pierre a-t-il pu passer de ce que l’on pourrait dire d’un extrême à l’autre : un coup, c’est le Père qui parle en lui, le coup suivant, c’est le diable ? Il faut bien l’avouer, reconnaître que Jésus soit Dieu, même si cela relève d’un mystère insaisissable par notre seule intelligence, ne scandalise probablement pas autant que d’accueillir la passion, la souffrance et la mort de Jésus comme Dieu fait homme. A première vue, la mort d’un Dieu ne peut que signifier l’échec cuisant de sa puissance divine, mais aussi l’incompatibilité de cette situation avec celle d’un Dieu, autrement dit, cela paraît absurde. Le mystère de la Croix est à n’en point douter le plus grand scandale que l’homme puisse concevoir et connaître. Personne ne peut imaginer qu’il fasse passer par une telle descente, une telle déchéance, un tel mépris de la vie, pour emporter une victoire définitive sur la mort et donner la puissance de vie à l’homme assoiffé de vie éternelle. Cela semble de la pure folie pour le païen et un grand scandale pour le juif attendant le Messie (cf 1Co 1,23). Or, le chemin ne peut être autre, puisque Dieu l’a voulu ainsi. Aussi, Jésus le propose même comme règle de la vie chrétienne au point qu’il en constitue l’essence même de la vie du fidèle du Christ : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera. » (Mt 16,24-25). Tout paraît inversé : gagner sa vie, c’est la perdre ; perdre sa vie, c’est la gagner, au point que sans la foi, cela devient tout bonnement incompréhensible et de la pure folie. Là, nous sommes en présence du mystère du mal dans lequel le Christ va faire germer le bien au point que non seulement le mal va disparaître, mais va jusqu’à être transformé en bien. Dieu seul peut faire d’un mal, un bien, car Dieu seul peut faire surgir du néant, l’être, la vie qui existe. Puisque le mal étant l’absence de bien, il faut la puissance divine, pour que le néant du bien qu’est le mal puisse devenir le bien. C’est là l’oeuvre du grand mystère de la Miséricorde divine. Ainsi, ce mystère, insondable sans la révélation de Dieu, laisse apparaître deux raisons essentielles à cela. La première, c’est que le bien relève de la seule puissance divine : « Car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15,5) dit Jésus. Dieu veut donc manifester sa puissance salvatrice par la transformation du mal en bien, pour montrer à l’homme que lui seul peut le sauver. La seconde, c’est que la présence du mal qui assaille l’homme, conséquence de son péché, autrement dit de son refus de l’amour de Dieu, constitue un grand malheur pour l’homme, qui doit l’amener au repentir et au désir d’accueillir la grâce de la Miséricorde. Il y a donc d’abord une reconnaissance de la puissance divine, devant laquelle l’homme s’incline. D’autre part, Dieu invite l’homme à se repentir pour accueillir dans son coeur la puissance de la grâce divine, afin de permettre à l’homme de goûter les joies éternelles de partager l’infinitude de Dieu dans la grâce. Il faut nous tourner vers notre Mère du ciel, la Vierge Marie, pour que nous puissions mieux saisir dans l’intimité de notre coeur, à travers la connaissance qu’elle nous en donne dans la prière, la grâce d’un Dieu qui aime l’homme éternellement d’une telle intensité qu’il veut lui faire partager sa vie divine.

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