L’édito de la semaine, le 27 Août 2023

Commentaire de l’Evangile du Jour (27 Août 2023 21ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. » (Mt 16,17) dit Jésus à Pierre dans l’Evangile de ce dimanche. Ce n’est pas par la connaissance de sa seule intelligence que Pierre connaît l’identité de Jésus, mais bien par révélation divine. Nous sommes bien en présence d’un mystère. Personne ne peut connaître Dieu si ce n’est par révélation, laquelle demande de notre part un acte de foi. Autant le jugement des hommes laisse entrevoir plein d’hypothèses, lesquelles s’avèrent toutes fausses, autant la révélation divine donne ce qui échappe à toute connaissance humaine. Aussi, Jésus peut ajouter : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux. » (Mt 16,18-19). De fait, l’Eglise, l’épouse du Christ, qui s’est unie à tout jamais à son époux le Christ sur le bois de la Croix, est un vrai mystère, bien loin d’une simple institution des hommes. Le monde voit l’Eglise, comme une institution régie par le pape et les évêques avec tout ce qu’elle peut comporter de faiblesses et de limites humaines, ce qui, bien sûr, est vrai et évident. L’actualité de ces dernières années n’a cessé de nous le rappeler. Cependant, bien qu’elle ait cette part d’humanité et tout ce qu’elle peut comporter de faiblesses et de limites, elle dépasse tout cela. D’institution divine, Jésus l’a purifiée dans son sang sur la Croix ; elle s’est unie à lui pour être le mystère du salut, par lequel il sauve tous les hommes et leur procure la vie éternelle. L’humanité n’est que l’instrument au service de la divinité. Toute grâce passe par elle, comme toute grâce passe par l’humanité de Jésus. C’est en offrant son corps et son âme humaine en sacrifice sur la Croix, que la grâce divine est donnée par Jésus, la personne divine du Fils. C’est le paradoxe du mystère du salut : Dieu aurait pu sauver l’homme sans s’incarner et sans s’offrir en sacrifice sur la Croix, or, il a choisi d’épouser la condition humaine, comme il a choisi des apôtres avec leurs limites et leurs bassesses humaines pour sauver les hommes. Bien que les instruments peuvent être pauvres et limités, il n’en demeure pas moins que la grâce agit par eux comme un instrument, car elle ne dépend pas d’eux dans sa production, mais bien de Dieu. Il en est de même pour tout sacrement. C’est bien par la parole du ministre de Dieu, qui verse de l’eau sur la tête du bébé que ce dernier reçoit la grâce divine du salut, qui vient toucher son être. Voilà le paradoxe du mystère : Dieu se sert de pauvres instruments pour donner sa grâce de salut. Pour nous, cela a deux conséquences : la première, c’est que l’instrument est nécessaire parce que Dieu l’a voulu. Il passe de manière habituelle par lui pour donner sa grâce, même s’il peut et pourrait faire autrement. L’exemple pour notre vie chrétienne, ce sont les sacrements, moyens privilégiés par lesquels Dieu sanctifie son peuple. Ainsi, cet instrument du salut est donc indispensable pour croître dans la vie spirituelle. La seconde, c’est que malgré la pauvreté de l’instrument, la grâce donnée n’est pas assujettie et proportionnée à cet instrument, lorsqu’il s’avère qu’il n’est pas à la hauteur escomptée. Par exemple, la qualité de la grâce n’est pas en proportion de la sainteté du prêtre qui célèbre, puisqu’elle ne vient pas du prêtre en tant que telle mais de Dieu, même si celui-ci doit opérer son office pour que cela puisse se réaliser. Ainsi, les actes scandaleux des chrétiens (ministres ou laïcs), aussi fortement répréhensibles qu’ils puissent l’être, ne peuvent pas conduire quiconque à dénigrer ce que Dieu a voulu en instituant son Eglise, puisqu’il ne choisit pas des saints au berceau, mais en fait avec la grâce qu’il donne. Or, la liberté de choisir le bien ainsi que l’esclavage dans lequel l’homme s’engouffre lorsqu’il donne raison au mal, constituent dans les deux cas un mystère, le mystère des coeurs, là où chacun répond de sa conscience. Certains, les nombreux saints et celle qui occupe une place incomparable, la Vierge Marie, ont choisi de répondre à l’appel à la liberté de choisir ce que Dieu veut, puisque rien de ce qu’ils sont, n’est en dehors de ce que Dieu leur donne d’être. D’autres, à l’exemple de Satan et sa cohorte de démons, se sont laissés séduire par le refus de l’amour de Dieu pour préférer, dans une folie mystérieuse, leur propre personne au détriment de Dieu, qui ne peut conduire qu’à une mort spirituelle. Dieu met l’homme devant le choix de Dieu et non pas dans le choix du refus de Dieu. C’est l’orgueil du démon qui a conduit l’homme à mettre en doute le mystère de la liberté pour en faire un choix potentiel du mal. Quelle folie !!! Dieu n’a pas l’idée du mal, car celui-ci n’est autre que l’absence de bien. Dieu ne connaît que le bien, c’est l’orgueil qui conduit à se priver du bien, en pensant pouvoir être libre de choisir ce qui n’est que drame du mensonge et de l’orgueil. Cela nous rappelle le péché de la Genèse, qui a conduit l’homme à préférer le mensonge à la vérité et choisir l’orgueil de soi à l’amour de Dieu qui pourtant aime plus l’homme que celui-ci ne peut s’aimer lui-même.

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