L’édito de la semaine, le 25 Février 2024

Commentaire de l’Evangile du Jour (25 Février 2024, 2ème Dimanche de Carême) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » (Mc 9,7) dit le Père. Dans le mystère de la Transfiguration, nous avons la révélation de l’amour de Dieu le Père pour son Fils unique. C’est l’une des trois fois où le Père parle de son Fils dans l’Evangile (cf. en plus de la Transfiguration, il y a le baptême de Jésus : Mt 3,17 ; Mc 1,11 ; Lc 3,22 ; et la veille des Rameaux : Jn 12,28). Dieu se révèle être un Père qui aime son Fils et, qui dans l’amour de son Fils, aime tous les hommes. Il aime l’humanité dans le regard de son Fils. Des entrailles du Père pour son Fils, jaillit l’amour des hommes, jusqu’à donner son Fils en sacrifice. C’est ce que révèle le sacrifice d’Abraham dans la première lecture : celui qui offre véritablement son Fils, c’est le Père et non pas seulement Abraham, dont Dieu lui épargnera en finalité la mort de son fils Isaac. De même, des entrailles du Fils pour son Père, jaillit l’amour du Fils pour les hommes, jusqu’à vouloir donner sa vie à en mourir. Ainsi, tout est résumé, condensé, dans cette parole du Père, aussi bien la relation d’amour intra-trinitaire que le mystère du salut, qui va se jouer dans le drame de l’offrande du Fils bien-aimé pour racheter l’homme du péché et lui procurer le salut, autrement dit partager l’intimité d’amour du Père, du Fils et du Saint Esprit. C’est une révélation d’une profondeur inouïe que livre le Père aux hommes, dont ils ne peuvent mesurer la portée d’un tel mystère. Et cette révélation va se faire dans un éblouissement d’une blancheur incomparable, laissant descendre sur terre un instant du bonheur éternel, en présence de deux grands personnages de l’ancienne alliance : Moïse et Elie, la Loi et les Prophètes, qui annonçaient depuis des siècles la réalisation d’un tel mystère. Les trois apôtres, Pierre, Jacques et Jean, qui vont assister aussi à la terrifiante agonie de Jésus sur le Mont des Oliviers, seront témoins d’un tel événement, qui fortifiera leur foi mise à rude épreuve pendant l’agonie. Ce mystère est un moment de grande révélation, un moment où semble descendre sur terre le ciel pour l’inonder et l’envelopper de sa présence, de sorte que Pierre aimerait bien qu’il dure : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! » (Mc 9,5). Or, la frayeur était telle, qu’il ne sait que dire avec les deux autres apôtres, nous dit saint Marc. Rien de comparable sur terre n’est visible. Ils sont projetés dans un tel mystère que seul l’effroi les saisit. Ce mystère constitue un tel sommet dans l’Évangile, qu’il sera un tournant : à partir de ce moment, Jésus annoncera clairement sa Passion (Cf. Mc 9,31); Passion qui le conduira au Golgotha, là où il consommera son sacrifice, le baptême dans lequel il lui tarde d’être plongé pour sauver l’homme en prise avec le péché et la mort.

Cet Evangile est pour nous l’occasion de prendre conscience de l’amour inconditionnel du Père pour son Fils, mais aussi pour l’homme, car pour délivrer ce dernier des chaînes de la mort, il n’hésitera pas à aller jusqu’au sacrifice suprême. C’est une invitation à renouveler notre prière filiale vers notre Père des cieux et d’accueillir avec joie le don de son Fils qui veut demeurer dans nos coeurs pour établir sa demeure au prix de sa vie. La Vierge Marie n’a cessé de prier et d’accueillir celui qui se donne à elle. C’est ainsi qu’elle put gravir les plus grandes marches de la sainteté et que, devenue notre mère à tous, elle nous conduit aux portes du ciel, comme son Fils le lui a demandé.

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