L’édito de la semaine, le 1er Octobre 2023

Commentaire de l’Evangile du Jour (1er Octobre 2023, 26ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. » (Mt 21,31) dit Jésus dans l’Evangile de ce dimanche. Voilà, une phrase qui fait mal et qui fait mouche pour les grands prêtres et les anciens ! Jésus n’y va pas par quatre chemins ; d’emblée il leur donne une bonne leçon. 

Le premier constat que nous pouvons faire, c’est que Jésus met en lumière deux types de comportements opposés, dont l’un conduit tout droit à la duperie, au mensonge et à l’orgueil, et l’autre, après un amendement du coeur, conduit, au contraire, au repentir, à la conversion et à la miséricorde. Le comportement contraire à la parole résume bien l’attitude des pharisiens, scribes et chefs des prêtres. Plus loin, Jésus dira au peuple en parlant des pharisiens : « ils disent et ne font pas. » (Mt 23,3). Autrement dit, la spécialité de ces messieurs, c’est le mensonge et le paraître. Faire semblant, pour sauver la face devant les autres, est le mode d’agir de cette élite qui ne peut que choquer Jésus. Cette parabole met en avant une réalité essentielle de la vie spirituelle : ce qui compte c’est ce qu’il y a dans notre coeur, autrement dit ce que notre volonté met en acte. Les publicains et les prostituées, dont le coeur est touché par la grâce de Dieu, sont conduits au repentir et ainsi épousent la volonté divine. Ainsi, ceux qui se trouvaient loin de Dieu à cause d’une vie dissolue, accueillent la grâce de Dieu de telle sorte que leur vie en est chamboulée. Désormais, leur coeur et leur intelligence illuminés par la parole divine, conduisent ces repentis à vivre selon les commandements de Dieu. 

Le second constat que nous pouvons faire, c’est que Jésus vient opérer une révolution : ce ne sont pas seulement les belles paroles, mais bien les actes qui comptent. Le culte dans l’ancien testament était trop souvent très extérieur, ce qui ne peut que donner médiocrité et tiédeur. Les prophètes clamaient « ce ne sont pas des sacrifices que je veux mais bien la miséricorde. » (Os 6,6 repris par Jésus dans Mt 9,13). Les coeurs étaient loin de Dieu, même si les paroles étaient sur les lèvres : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. C’est en vain qu’ils me rendent un culte ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. » (Mt 15,8-9). Or, l’exigence de l’Evangile va jusqu’à sonder les coeurs, ce qu’aucune institution humaine ne peut faire, puisque seul Dieu peut sonder les coeurs. Aucun tyran, aussi brutal soit-il, ne pourra sonder le coeur de l’homme, ce sanctuaire où Dieu seul a accès et où l’âme peut pleinement s’offrir à son Créateur et Rédempteur. Autrement dit, ce que l’on peut cacher aux hommes, on ne peut le faire pour Dieu. Tant que le comportement des hommes n’est vu que des hommes, il est aisé de tromper et de faire croire que l’on est un « bon juif », appliquant la Loi. Mais devant Dieu, cela ne tient pas et Jésus, le Fils de Dieu, le leur révèle et met en lumière l’hypocrisie qui déborde de leur coeur. Par ailleurs, il révèle, du même coup, son identité divine, puisque seul Dieu voit les coeurs et peut mettre l’homme en garde contre sa propre duperie.

Ainsi, les saints, et, bien sûr, particulièrement la Vierge Marie, n’ont cessé de chercher à faire la volonté de Dieu en acte et en vérité, autrement dit en mettant en pratique l’exigence de la parole de Dieu.

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