L’édito de la semaine, le 18 Juin 2023

Commentaire de l’Evangile du Jour (18 Juin 2023 11ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » (Mt 9,37) nous dit Jésus dans l’Evangile de ce dimanche. Cette demande de Jésus de prier le maître de la moisson est la réponse au constat que Jésus fait : « voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger. » (Mt 9,37). Il semble diagnostiquer un malheur pour les foules : elles sont désemparées et abattues comme des brebis sans berger. La comparaison des brebis sans berger indique que ce sont des bergers qui font défaut et que la foule est comparable à des brebis. Et ce malheur est loin d’être anodin, car non seulement Jésus n’est pas indifférent à la situation, mais, au contraire, il formule même une intention de prière, qui, de plus, est la seule qu’il ait formulée dans l’Evangile. Il n’a même pas demandé de prier pour qu’il n’y ait plus de pauvres, au contraire, il dit : « Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, et, quand vous le voulez, vous pouvez leur faire du bien » (Mc 14,7), comme si cela était une fatalité liée à ce monde et que c’était l’occasion d’exercer la charité envers eux. Or, pour les ouvriers de la moisson, Jésus nous dit que cela ne vient pas des hommes, puisque cela vient du maître de la moisson ; c’est lui qui donne les ouvriers. Ce ne sont donc pas les hommes qui se les donnent, en choisissant parmi eux ceux-ci. Non, c’est bien Dieu qui les appelle et qui les donne, car il s’agit de la moisson du maître et c’est donc lui qui vient en récolter le fruit. Il s’agit donc d’une oeuvre de Dieu, de Jésus, le maître de la moisson. C’est lui qui vient prendre soin de ses brebis, qui leur donne la vraie nourriture, les enseigne et les guide. Et pour cela, Jésus appelle. Ce sont les vocations, c’est-à-dire les appelés (vocare en latin veut dire appeler), ceux que Jésus envoie en mission. Ces ouvriers ne sont pas pasteurs à leur compte, ils sont pasteurs du troupeau du Seigneur. Autrement dit, ils sont chargés de permettre à Dieu d’agir sur ses brebis, afin de les sanctifier, les enseigner et les gouverner pour les conduire dans la demeure du ciel. Rien n’est plus important pour Jésus, car rien n’est plus important que le salut des âmes. La question des vocations n’est donc pas une option, une question subsidiaire, elle est vitale, car elle touche la mission même de l’Eglise. Elle ne relève donc pas de la simple organisation ou structuration de l’Eglise, elle en est l’essence même, puisque le Christ a constitué son Eglise sur la fondation des Apôtres, sur ses disciples devenus Apôtres, colonnes sur lesquelles est édifiée l’Eglise même du Christ. C’est lui qui les a choisis pour porter du fruit, et non pas les hommes : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. » (Jn 15,16). Ainsi, on mesure l’importance de la demande de Jésus de prier pour les vocations. Cette demande est adressée à tout chrétien, à tout disciple du Christ pour que Jésus puisse prendre soin de son troupeau, non pas qu’il ne puisse pas faire autrement, mais parce qu’il a choisi de le faire de la sorte. La tentation est parfois grande de se dire, puisqu’il n’y a plus de vocation : faisons autrement, modifions les critères de recrutement en élargissant les possibilités ou bien encore faisons sans, en affirmant que puisque Dieu n’envoie plus personne c’est qu’il veut que l’on fasse autrement. Or, Jésus n’a-t-il pas dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » (Mt 9,37) ? Il n’a pas dit : s’il n’y a plus de vocation, c’est que l’Esprit Saint a d’autres projets pour vous. Non, il demande explicitement, et là on ne peut être plus clair, de le prier d’envoyer des ouvriers. Il paraît donc évident devant cette demande formulée et le constat de baisse importante de vocations, que la prière pour demander des ouvriers pour la moisson ne semble pas assez présente et persévérante dans le peuple chrétien. C’est là, d’ailleurs, un des indices de la fébrilité de notre prière. Souvent, nous prions et parfois nous pouvons beaucoup prier pour une intention, mais nous ne connaissons pas la volonté du Seigneur et le chemin qu’il veut nous faire emprunter ; or, là, la volonté est très claire et le résultat est donné pour cette prière formulée. Par conséquent, il devient nécessaire de prier sans relâche le Seigneur pour qu’il puisse choisir parmi nos enfants, petits-enfants et non seulement chez les voisins des ouvriers pour sa moisson. Et comme, Jésus ne refuse rien à sa Mère, la Vierge Marie, pourquoi ne pas prier Notre Dame du Sacerdoce avec cette belle prière ? :

Vierge Marie,
Mère du Christ Prêtre,
Mère des prêtres du monde entier,
Vous aimez tout particulièrement les prêtres,
Parce qu’ils sont les images vivantes de votre Fils unique.

Vous avez aidé Jésus par toute votre vie terrestre,
Et vous l’aidez encore dans le ciel.
Nous vous en supplions, priez pour les prêtres,
Priez le père des cieux pour qu’il envoie des ouvriers à sa moisson.

Priez pour que nous ayons toujours des prêtres,
Qui nous donnent les sacrements,
Nous expliquent l’Évangile du Christ,
Et nous enseignent à devenir de vrais enfants de Dieu.

Vierge Marie, demandez vous-même à Dieu le Père,
Les prêtres dont nous avons tant besoin,
Et puisque votre cœur à tout pouvoir sur lui,
Obtenez-nous, ô Marie,
Des prêtres qui soient des saints.

Amen.

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