L’édito de la semaine, le 14 Avril 2024

Commentaire de l’Evangile du Jour (14 Avril 2024, 3ème Dimanche de Pâques) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ? Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. » (Lc 24,38-39) dit Jésus à ses disciples. Ils sont « saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit » dit saint Luc. Pourtant, les disciples d’Emmaüs, de retour à Jérusalem, étaient en train de raconter leur rencontre avec Jésus ressuscité sur la route et comment ils l’avaient reconnu à la fraction du pain. On aurait pu penser, à première vue, qu’ils auraient dû reconnaître Jésus. Or, au contraire, ils pensent voir un esprit, de sorte que Jésus doit leur montrer ses mains et ses pieds. Et cela ne suffit pas, leur étonnement demeure. Il doit même manger du poisson devant eux pour qu’ils puissent réaliser qu’ils sont en présence d’un mystère : Jésus est ressuscité. La résurrection échappe à tout ce que l’homme peut saisir par ses sens. Il y a une telle différence avec un simple retour à la vie d’un homme qui a traversé la mort, comme par exemple le célèbre Lazare que Jésus a fait revenir du séjour des morts, que là, tout bonnement, le premier réflexe des disciples est la pensée de voir un esprit ou un fantôme. C’est la stupeur, qui laisse place à une certaine incrédulité : comment est-ce possible ? Tout d’abord, une telle réalité n’a jamais existé. Jésus est le premier à connaître la résurrection, mais aussi et surtout parce que Jésus ressuscité détient un corps glorifié, qui, certes, est voilé dans son éclat, mais possède des propriétés inconnues jusqu’à présent : On ne le reconnait pas, semblant changer d’apparence à chaque apparition ; il est présent au milieu de ses disciples sans passer par aucune porte, de sorte qu’il suscite la frayeur… Autrement dit, il possède un corps impassible, qui ne peut ni souffrir, ni mourir. Il semble appartenir à un autre monde, et, de fait, il a les propriétés du divin, du ciel, de l’éternité, donnant le caractère d’être totalement à la disposition de l’esprit, lui répondant, pourrions-nous dire de manière familière, au doigt et à l’œil. C’est un tel changement, une telle réalité du ciel, que la résurrection est un vrai mystère de foi que l’on ne peut tout bonnement comprendre et saisir pleinement par la seule raison. Aussi, ce mystère invite à l’espérance, dépassant toute notion d’espoir, qui pour le coup ne concerne que les choses de ce monde. L’espérance conduit au désir d’éternité, ce à quoi l’homme est appelé au plus profond de son coeur. Croyant ou pas, tout homme, de par son âme créée à l’image et à la ressemblance de Dieu, a ce désir au plus profond de lui-même du ciel, de l’éternité, de la résurrection qui donnent pleinement à l’homme de vivre ce pour laquelle son âme fut créée.

La Vierge Marie connaît elle-même ce mystère dans son Assomption au ciel. Elle est pour l’instant la seule personne humaine à connaître cette réalité. Les saints ne la connaîtront qu’au jugement dernier, après le retour du Christ dans sa gloire. La résurrection constitue le mystère final qui nous introduira pleinement (âme et corps) dans le sein du Dieu Trinité, là où règne le bonheur éternel pour lequel l’homme fut créé et sauvé par Jésus Christ.

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