L’édito de la semaine, le 11 Septembre 2022

Commentaire de l’Evangile du Jour (11 Septembre 2022, 24ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. » (Lc 15,10). « Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! » (Lc 15,32). L’amour de Dieu pour le moindre pécheur est tel que la joie dans le ciel de son retour au bercail est bien plus grande que la joie de voir tous les justes du ciel réuni. On ne peut imaginer une telle joie au ciel comme on ne peut imaginer le prix  du sacrifice que cela en coûta à Jésus pour obtenir la possibilité du retour du pécheur dans le sein de Dieu. La Croix est un mystère inimaginable, non seulement par sa réalisation (car qui aurait pu imaginer un seul instant que Dieu puisse s’incarner pour donner sa vie aux hommes en sacrifice sur la Croix ?), mais aussi par son intensité, puisque ce n’est pas l’amour seulement d’un homme, aussi parfait soit-il, mais bien l’amour d’un Dieu fait homme, dont la mesure est tout simplement sans mesure, infinie, absolue. D’ailleurs, la parabole dite de l’enfant prodigue, nous montre un père à l’amour sans borne, d’une infinie délicatesse, attendant le retour de son fils cadet pour l’embrasser sans se souvenir de son affront. Il est tout joyeux, manifestant une démonstration d’amour dépassant même celle qu’il manifeste à ceux qui lui sont restés proches, à tel point que le fils aîné en est pris d’une vive jalousie, rejetant son frère, ne le considérant plus comme tel. Cette parabole est la vive démonstration de la miséricorde qui étreint le coeur du Père des cieux. C’est aussi la manifestation claire de la dureté des hommes, notamment celle du fils cadet, qui ne fait aucun cas de l’amour du père pour aller dilapider les richesses qu’il a reçues de lui. Il lui faudra passer par la souffrance, l’épreuve, pour découvrir au-delà de ce qu’il aurait pu imaginer l’amour de ce père miséricordieux, qui attend le retour de son fils à la maison. De même, celle du fils aîné est tout aussi manifeste. Il est tellement préoccupé de se faire valoir auprès de son père, lui faisant remarquer sa fidélité, son dévouement, au point de lui reprocher quelque peu son ingratitude de ne pas lui avoir donné de chevreau pour festoyer avec ses amis, qu’il ne se rend pas compte de la grandeur de l’amour de son père. Le père ne peut que lui redire qu’il possède déjà en propre l’immense trésor de son amour : « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. » (Lc 15,31). Aussi, invite-t-il son fils aîné à partager sa joie de père, le retour de son fils perdu et donc celle d’un frère qui voit le retour de ce frère égaré : « Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! » (Lc 15,32). Ainsi, ce qui est frappant, c’est que le père ne cesse de penser à ses fils ; il les aime d’un amour gratuit, ayant à leur égard le même amour aussi bien pour le pécheur que le fidèle, empreint d’un grand respect des libertés de chacun, tout donné à faire preuve de miséricorde. Tout autre sont les fils, qui pensent d’abord à eux-mêmes, et se rendent incapables de discerner l’amour de ce père si tendre et miséricordieux. A l’époque, en leur contant cette parabole, Jésus voulait montrer la dureté du coeur des fils aînés que sont ces pharisiens, chefs des prêtres et autres scribes, qui ne cessent de récriminer contre Jésus faisant bon accueil aux pécheurs que sont les publicains et les prostitués. Aussi, voulait-il leur montrer que ces pécheurs repentants sont tout aussi aimés du Père et appelés à partager la même éternité qu’eux-mêmes. 

Ainsi, Jésus nous montre la voie : se préoccuper de l’amour tendre et miséricordieux du Père et non pas de nos propres petits intérêts. Le chrétien est appelé à regarder la tendresse de Dieu, l’abondance de sa miséricorde. Il ne peut pas garder ses yeux sur ses propres intérêts, car tout simplement le ciel ce n’est pas la jouissance d’un bonheur personnel, c’est avant tout la participation à la gloire de Dieu, à sa béatitude éternelle. 

C’est en cela, que les saints, à commencer par la Vierge Marie, se distinguent : ils ne cessent de vouloir ce que Dieu veut et sont plus attachés à Dieu qu’à eux-mêmes. Ils ne voient pas leur quotidien comme une réalisation personnelle de leur vie, mais bien comme une vraie offrande à la gloire de Dieu. Ils sont dans l’action de grâce, de telle sorte que tout ce qu’ils vivent n’a pas d’autre but que de satisfaire la volonté de Dieu. Cela a pour conséquence heureuse : le bonheur habite leur coeur, quelle que soit leur vie. Puisque le bonheur est en Dieu, le saint vit en lui. Autrement dit, si nous voulons être heureux, devenons des saints.

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