Solennité du Christ Roi de l’Univers
« Ma royauté n’est pas de ce monde » (Jn 18,36)
La Royauté du Christ est bien différente de celle des puissants de ce monde, qu’ils soient d’ailleurs à la tête d’un pays, ou tout autre instance de pouvoir. Le pouvoir du Christ ne se fait aucunement par la puissance contraignante des armes, de l’argent ou, plus sournois encore, par une puissance psychologique sur les autres. La puissance du Christ s’exprime et s’acquière dans l’amour et non pas dans la peur et la crainte. Le Christ règne dans les cœurs et non pas seulement sur des sujets ; c’est-à-dire que son règne s’exerce dans la conscience des âmes et non pas seulement à l’extérieur de manière superficielle. La Royauté du Christ n’est pas identifiée à une peur d’un roi autoritaire, mais plutôt à une saine crainte de ne pas être tout à l’amour de son Roi, comme le fiancé craint de ne pas aimer suffisamment sa fiancée.
Il y a donc une différence fondamentale entre le Règne du Christ et ceux des royaumes de la terre : le Règne du Christ s’étend par la force de l’humilité d’un Dieu qui s’abaisse jusque dans la mort, après avoir pris sur lui toutes les souffrances des hommes. Le Christ l’instaure le jour où il expire sur le bois de la Croix. La Croix devient ainsi son trône de gloire et, en ce sens là, elle devient glorieuse. Son Règne est éternel, contrairement à ceux de la terre, car il détruit l’ennemi le plus redoutable qui soit : la mort, conséquence du péché des hommes.
Qui aurait pu imaginer, un temps soit peu, que le Dieu tout Puissant instaure son Règne éternel sur une croix, nu, rejeté de tous, objet de la dérision des hommes de ce monde, avec pour seul consolation une mère et quelques femmes en pleure, le brave Jean, l’Apôtre fidèle, et le bon larron, un criminel repêché de la dernière heure ?
Qui aurait pu penser que Dieu choisisse ce qui paraît folie et scandale aux yeux des hommes pour instaurer un règne éternel, qui triomphera sur toutes puissances ?
Qui aurait pu penser que Dieu puisse élever jusqu’à la hauteur de sa divinité tout homme qui accueille le Royaume en lui ?
A toutes ces questions, il faut bien l’avouer, personne ne pouvait imaginer une telle chose, tant elle nous paraît improbable et contraire à l’esprit du monde. Et pourtant, tant improbable que ce le soit pour l’homme, ce qui veut dire que cela ne peut que lui être révélé par Dieu puisque son intelligence n’est pas aussi féconde pour l’imaginer, le monde aurait pu saisir ce don de Dieu, mais il s’obstine a vouloir chercher un bonheur autre et ailleurs que celui que le Christ propose.
La Croix reste un grand mystère à l’intelligence humaine, tant elle révèle une profondeur d’amour insoupçonnable pour l’homme, en plus d’être le mystère du salut révélé par Dieu.
Que Dieu, à l’école des saints, nous aide à toujours avancer sur cette ligne de crête qu’est la recherche du Règne de Dieu chaque jour que Dieu nous donne !
Abbé Thierry Delumeau
