L’édito de la semaine, le 6 Février 2022

Commentaire de l’Evangile du Jour (6 Février 2022 5ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. » (Lc 5,4) dit Jésus. C’est comme cela que va commencer le recrutement des disciples : par une pêche miraculeuse. Simon Pierre est tellement saisi d’effroi par une telle pêche qu’il en tombe à genoux devant Jésus pour lui dire : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » (Lc 5,8). Or, avant cette pêche, il avait passé la nuit entière avec ses compagnons à scruter les profondeurs de la mer sans rien prendre. Mais devant l’ordre de Jésus de jeter les filets, il s’exécute après avoir pris le soin de lui dire qu’il est revenu bredouille de sa pêche nocturne. Tout repose donc sur l’ordre de Jésus exécuté par les futurs apôtres. Là, tout prend une ampleur inconnue : quelle pêche !!! Un miracle qui va saisir d’effroi chacun de ceux qui ont accompagné Simon Pierre. Un tel événement va profondément marquer ces premiers disciples, de telle sorte qu’ils ne paraissent avoir aucune difficulté pour tout abandonner sur place : parenté, barques et filets pour suivre cet illustre inconnu, faiseur de miracles, dont la réputation ne cesse de gagner les chaumières de la Galilée. A la simple parole de Jésus : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras » (Lc 5,10), tous, dans un seul choeur, abandonnent leur vie présente pour embrasser la promesse de Jésus : pêcher des hommes. Tel est « le nouveau métier » de Pierre et ses compagnons : pêcher des hommes. Cela va s’avérer bien plus coûteux en souffrances et épreuves, puisqu’à l’exception de saint Jean, tous finiront par le martyr, témoignage suprême de fidélité envers le Christ. Cependant, ils connaîtront le bonheur indicible de partager l’éternité de leur maître, ce que n’octroie pas la maitrise de la pêche du poisson.

Ainsi, la vie de ces disciples repose sur l’appel de Jésus entendu et accueilli, ce qui constitue le coeur de toute vie chrétienne. Jésus appelle et ne cesse d’appeler, aussi bien pour des appels spécifiques que celui d’être apôtres, comme aujourd’hui d’être prêtres, religieux ou religieuses, que l’appel adressé à tous d’être les disciples, autrement dit l’appel de chacun à la sainteté. La vie chrétienne est une vie d’appel à laquelle nous répondons. C’est une vie vécue de la présence de Dieu, une vie au cours de laquelle le Seigneur ne cesse de crier, supplier à notre coeur plus ou moins endormi le désir de faire de nos coeurs sa demeure. C’est une relation constante de maître à disciple, une suite du disciple sur les pas d’un maître intérieur qui bâti son royaume peu à peu, faisant d’un coeur habité par sa présence le temple de Dieu. 

Ainsi, être disciple du Christ n’est pas tant une adhésion à des idées, comme on le ferait pour un parti politique ou un syndicat ou bien encore une association, qu’une vie partagée avec le Seigneur qui peu à peu fait du coeur du disciple un foyer de braises incandescentes d’amour. Ce n’est pas tant être d’accord avec telle ou telle ligne, telle ou telle idée, qu’une vie imprégnée vécue avec la complicité de ce Dieu qui s’est fait tout petit, partageant toute la souffrance des hommes au point de la porter toute entière sur le bois de sa Croix, aussi bien dans son corps que dans son âme, afin que tous, puissent reconnaître en lui, celui qui les comprend, celui qui partage tout ce qui compte dans une vie.

La Vierge Marie et toute la cohorte des saints ont vécu cette intimité de vie avec le Christ, de telle sorte, que lorsque nous les célébrons sur nos autels, nous pouvons reconnaître en chacun d’eux les traces de notre Sauveur. Demandons leur aide, sollicitons leur intercession pour que nous puissions suivre en toute confiance celui qui ne cesse de nous appeler et de le laisser vivre en nous.

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