Commentaire de l’Evangile du Jour (9 Avril 2023, Dimanche de Pâques) de l’Abbé Thierry Delumeau :
« Il vit, et il crut. » (Jn 20,8). Saint Jean, le disciple bien-aimé du Seigneur, est saisi par le mystère. Tout d’abord, il laisse la préséance au chef des apôtres, saint Pierre, d’entrer le premier dans le tombeau vide. Ce dernier semble plutôt rester à l’analyse des faits : le linge posé à plat et le suaire roulé à part, tandis que saint Jean voit le tombeau vide et dans son coeur monte la foi en la résurrection. Autrement dit, par la vue du tombeau vide, saint Jean croit dans le mystère. Il précise, pour appuyer le mystère de la foi qui jaillit de son coeur, « Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. » (Jn 20,9). Là, nous ne sommes plus seulement devant un miracle, comme le fut celui de Lazare, celui du fils de la veuve de Naïm ou encore celui de la jeune fille du chef de la synagogue Jaïre, que Jésus fit revenir tous trois à la vie après une brève mort. Non, là, nous sommes devant un mystère, qui dépasse la vie d’ici-bas, car la résurrection n’est pas un simple retour à la vie antérieure à la mort, mais bien un saut dans l’éternité, à une vie qui est celle de la vie éternelle, sur laquelle la mort n’a plus de prise. Toutes les apparitions du Christ ressuscité à ses disciples manifesteront à chaque fois le mystère d’un Jésus qui n’est plus reconnaissable par l’apparence de son corps et qui vient subrepticement au milieu des disciples sans passer par la porte, mais plutôt semblant venir de nulle part. La résurrection est donc bien un mystère et non pas un simple miracle. Jamais, rien de tel n’avait été vu. Elle est l’incarnation de la victoire du Christ sur la mort et la concrétisation aux yeux des disciples, que Jésus a pleinement accompli les Saintes Ecritures en apportant le remède aux maux de l’humanité. Ce mystère de la résurrection ne sera pas manifesté en grande pompe aux yeux des foules et des scribes, pharisiens, docteurs de la Loi ou encore autres grands prêtres, mais seulement à ceux qui l’ont suivi : ses disciples. Particulièrement, Jésus apparaîtra en premier aux femmes, notamment à Marie Madeleine, que Jésus fit apôtre des apôtres en la chargeant d’annoncer à ses disciples le mystère de la résurrection. Il est, bien sûr, probable même si les Ecritures ne le relatent pas, qu’il est apparu en premier lieu à celle qui, debout au pied de la Croix, porta le mystère de l’Eglise naissante, la Vierge Marie, celle qui partagea l’intimité de sa souffrance avec un coeur traversé par un glaive de douleur au moment où le sien fut ouvert par la lance du soldat, une fois mort, pour donner naissance à la nouvelle Eve, la Sainte Eglise, l’épouse du Christ, qui ne cesse de recevoir tout l’amour de l’Epoux. Le mystère de la résurrection est un mystère de recréation de la créature dans une surabondance d’amour, que l’on appelle la Miséricorde divine. Aucun amour n’a été montré avec autant de manifestation et de profondeur, que celui d’un Dieu fait homme donné sur la Croix. Aucun amour ne fut plus grand pour donner vie à la créature, que Dieu a voulu introduire dans son sein pour lui faire partager sa gloire éternelle. Le mystère de Pâques est donc le passage de la mort à la vie, de l’esclavage du péché à la libération des enfants de Dieu, nés de la grâce. Les saints ont communié avec une foi intense à ce mystère, pour en faire l’unique but de cette vie ici présente, qui ne trouve son véritable sens que dans celle du choix de Dieu, du choix de la vérité, qui libère l’homme de son esclavage dans lequel il est tombé. Aussi, nous ne sommes pas seuls pour faire ce choix de Dieu ; Jésus nous a donné sa mère, la Vierge Marie, notre mère du ciel. N’a-t-elle pas dit à la petite Lucie le 13 juin 1917 à Fatima, « Tu souffres beaucoup ? Ne te décourage pas, je ne t’abandonnerai jamais ! Mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu… » ?
Bonnes fêtes de Pâques à tous.
