L’édito de la semaine, le 5 Février 2023

Commentaire de l’Evangile du Jour (5 Février 2023 5ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » (Mt 5,16). Il n’y a pas de doute, l’exemple est le plus beau témoignage que nous puissions donner. Dire et ne pas faire est bien le reproche que Jésus fera aux pharisiens. D’ailleurs, il n’hésita pas à les traiter d’hypocrites. A contrario, le témoignage est la force des saints : leurs actes sont à la hauteur de leurs paroles. L’exigence de l’amour qu’ils prêchent va jusqu’à l’héroïcité du don de leur vie. Or, témoigner, vivre la radicalité de l’Evangile est d’une telle exigence qu’elle semble pour beaucoup, pour ne pas dire la totalité des hommes, quelque chose d’impossible à vivre. Oui, Jésus l’a dit lui-même : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15,5). C’est pourquoi, il parle de la lumière et du sel. Qui sont cette lumière et ce sel ? Ils ne sont autres que le Christ lui-même, sa grâce qui imprègne notre vie pour donner du goût, comme le sel donne du goût aux aliments, pour éclairer notre coeur et ceux qui nous voient vivre, comme la lumière est mise sur le lampadaire pour éclairer notre chemin. Ainsi, si nous ne puisons pas à la source, nous ne pourrons rien témoigner, comme les pharisiens, qui n’ont jamais voulu se laisser brûler par la chaleur du Christ, de telle sorte que leur coeur est demeuré froid et sans amour. Et non seulement, ce fut leur volonté qui est rendue incapable d’aimer, mais aussi leur intelligence, ligotée par l’esclavage de l’orgueil, qui fut rendue inapte à percevoir la Vérité se faisant jour devant eux. Jésus dira d’eux : « Ils ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas. » (Mc 8,18). Quel drame !!! Ils connaissent les Ecritures, avec les scribes et les docteurs de la loi, mieux que quiconque, et les voilà profondément aveuglés, ce qu’au contraire publicains et prostitués sauront voir. Ainsi, Jésus invite ses disciples à suivre la vraie lumière : « Moi, je suis la lumière du monde, dit le Seigneur. Celui qui me suit aura la lumière de la vie. » (Jn 8,12). C’est le sens même de la vie chrétienne, qui consiste à laisser vivre le Christ en soi. Trop souvent, on pense qu’être chrétien c’est être généreux, aimer les autres, faire du bien autour de soi. Tout cela est bien, bien sûr, mais ce n’est pas, à proprement parler, la vie chrétienne. Nous connaissons tous des personnes qui ne se disent pas forcément chrétiennes ou du moins qui se sentent assez éloignées de Dieu et qui sont généreuses, aimantes et qui font du bien autour d’elles. Ce qui constitue la vie chrétienne en tant que telle, c’est la vie du Christ dans le coeur du croyant, qui ne cherche pas seulement à aimer et faire les choses comme on appliquerait une loi de manière extérieure, fût-elle religieuse. C’est plutôt prendre toute la mesure que je veux vivre de la vie de Jésus, je veux le laisser vivre en moi, le laisser aimer en moi, ce qui me permet même d’aimer mes ennemis, de le laisser agir en moi. Une telle vie n’est réellement possible que si je fréquente le Christ dans la prière, quand je le laisse éclairer mon coeur de sa lumière, donner du goût à ma vie par le sel de sa sagesse et de son amour.

La Vierge Marie, et les saints de tous les temps, en sont sont le pur reflet. Ils sont des « autres Christs (alter Christus) », des « portes Christ ». Ils témoignent et par leur prière, ils nous aident à faire fructifier le Christ en nous. A la suite de saint Paul, puissions-nous dire avec lui : « Ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ en moi qui vit. » (Gal 2,20).

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