L’édito de la semaine, le 4 Février 2024

Commentaire de l’Evangile du Jour (4 Février 2024, 5ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Tout le monde te cherche. » (Mc 1,37) disent Simon et les disciples à Jésus.  De fait, saint Marc nous dit que « La ville entière se pressait à la porte. Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons » (Mc 1,33-34). Or, Jésus répond : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. » (Mc 1,38). La prédication de Jésus rencontre un écho tellement important que l’on court après lui. D’ailleurs, on le ferait à moins : il guérit les malades, chasse les démons. Tout cela ne manque pas de ravir les gens et de les réjouir dans un quotidien de souffrance. Une telle autorité ne peut pas laisser de  marbre, sauf les élites pharisiennes, sadducéennes ou encore prêtres et scribes choqués par les miracles opérés le jour du sabbat. Cependant, Jésus ne semble pas rester trop longtemps dans la même ville ; il veut parcourir les villages voisins, car son action est une prédication. Cette prédication ne consiste pas seulement en paroles, mais aussi en actes, lesquels, annoncés par les prophètes, sont bien le signe de la venue du Messie. Jésus dira qu’il accomplit les oeuvres du Père, qui accréditent qu’il est bien celui dont les Ecritures parlent, mais dont les pharisiens et scribes refuseront de reconnaître, le prenant pour un blasphémateur. Ainsi, les actes, notamment les miracles opérés, permettront à Jésus d’affirmer sa divinité et d’annoncer le salut du monde, ce qui ne manquera pas de soulever une vive opposition parmi les élites, et le conduira à embrasser la Croix, là où précisément l’Evangile s’accomplira pleinement. De fait, le miracle ouvre sur le mystère, qui paraît inaccessible car invisible. D’ailleurs, saint Jean parlera de signes et non de miracles dans son Evangile, pour montrer qu’à travers le miracle, Jésus annonce le mystère. C’est là que se pose le problème pour beaucoup : accueillir un mystère que l’on ne voit pas. On pourrait supposer que le miracle suffirait pour que Jésus puisse annoncer le mystère. Mais non, cela devient comme une pierre d’achoppement sur laquelle butent tant d’hommes, tant le mystère laisse sans preuve évidente l’action divine. Pire, il semble même que le mystère devrait être éblouissant pour ceux qui ont vu le miracle. Or, le miracle montre quelque chose d’extraordinaire qui se réalise pour des faits que tous observent, tandis que le mystère est l’expression comme d’un silence de Dieu, comme une absence d’action de Dieu, puisque tout est voilé pour l’homme. La prière de Jésus à son Père relève de ce mystère d’un échange d’amour entre les personnes divines que l’homme ne peut saisir. C’est tandis qu’il priait que les disciples trouvent Jésus, en l’invitant à continuer l’action sans prendre conscience que se réalise sous leurs yeux le mystère ineffable de l’entretien entre deux personnes divines dans le silence de Dieu. C’est là que l’on peut mesurer le caractère indicible du mystère devant lequel l’homme est invité à intérioriser dans le secret de son coeur comme savait si bien le faire la Vierge Marie. C’est là que l’on mesure que la vie chrétienne à la suite du Christ ne peut en rester à des considérations morales, de bonne conduite ou encore d’oeuvres sociales. Tout cela est bien, mais doit trouver son enracinement dans une vie spirituelle riche d’échanges avec Dieu. Le chrétien est invité à cela qui n’a rien d’évident, aussi avons une vie sur terre pour chercher Dieu. On pourrait finalement résumer la vie chrétienne en cela : chercher Dieu pour vivre de Dieu. Saint Benoit l’a proposé dans sa règle, dans une vie à l’écart du monde. Aussi, le fidèle laïc est invité à donner du sens à sa vie, tout en menant une vie affairée aux affaires du monde, sans oublier que la visée ultime est le bonheur éternel, ce pourquoi l’homme a été créé et sauvé.

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