L’édito de la semaine, le 3 Décembre 2023

Commentaire de l’Evangile du Jour (3 Décembre 2023, 1er dimanche de l’Avent) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Prenez garde, restez éveillés : car vous ne savez pas quand ce sera le moment. » (Mc 13,33) dit Jésus dans l’Evangile de ce premier dimanche de l’Avent. L’insistance de Jésus est très claire. « Veillez » est une mise en garde qui semble nécessaire pour ne pas rater le train du Royaume de Dieu, lorsqu’il se présente. Il y a deux réalités, l’une terrestre (la vie sur terre) et l’autre céleste (le ciel), qui semblent bien distinctes au point de nécessiter une attention particulière pour saisir la seconde et ne pas s’attacher démesurément à la première, qui de toute façon passera. C’est là tout l’enjeu de ce temps liturgique dans lequel nous entrons aujourd’hui, celui de l’Avent. De fait, l’Avent met en avant, bien sûr, le premier avènement du Christ, il y a deux mille ans dans la crèche de Bethléem, mais aussi le second, le retour du Christ dans la gloire, à une date, bien sûr, inconnue de nous, sans oublier, le troisième, l’avènement du Christ, chaque jour dans notre vie, pour établir sa demeure dans nos coeurs. Ainsi, l’Avent est un temps de l’attente du Christ qui va venir, mais aussi de veille, autrement dit d’une préparation pour accueillir celui qui vient. Il ne s’agit pas seulement d’attendre, mais aussi de veiller, de préparer son coeur pour que celui-ci soit bien disponible pour Celui qui vient. Et là, la Vierge Marie fut incomparable dans ce domaine : chaque jour son coeur se préparait pour accueillir le Seigneur, Jésus son Fils, certes dans son sein, mais avant même cela, dans son coeur d’où la réponse de Jésus à la dame qui l’avait interpelé : « Heureuse la mère qui t’a porté en elle, et dont les seins t’ont nourri ! » (Lc 11,27), il lui répondit : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! » (Lc 11,28).

Ainsi, « veiller » c’est « écouter et garder la parole de Dieu », ce que n’a cessé de faire la Vierge Marie tout au long de sa vie. Son coeur était en veille, car son coeur s’attachait à Dieu et non pas à ce monde qui passe. Là, fut sa force, indéniablement qui lui permis de n’avoir aucune part avec le péché, puisque son coeur était, reposait en Dieu, ou plutôt Dieu reposait dans son coeur. Dieu avait trouvé sa demeure de sorte que l’incarnation dans le sein de cette Vierge fut possible. Si Dieu a voulu demeurer dans le coeur de Marie et de prendre chair en elle, c’est qu’il n’y a pas d’autre réalité possible pour Dieu que de venir demeurer dans les coeurs pour instaurer son règne. Sa venue sur terre, en plus de venir sauver ce qui était perdu, de racheter l’homme tombé dans les tréfonds de l’abîme, était de le rendre disponible pour accueillir le royaume de Dieu, la vie de Dieu en lui. C’est pourquoi la vie spirituelle, la vie chrétienne vécue dans l’exigence de la profondeur, telle que les saints la vivent est déjà la vie du ciel, certes dans la foi et non la vision de Dieu, mais réelle tout de même. Comme la Vierge Marie, les saints ont été les veilleurs de Dieu, cherchant inlassablement Celui qui frappe à la porte de leur coeur, sûrs que ce trésor est le vrai, celui qui seul est à même de le combler. Saint Benoît a, dans sa règle monastique, donné comme objectif fondamental et même unique de l’existence du moine, mais aussi, on peut le dire, de tout chrétien, la recherche de Dieu : « Ne rien préférer à l’œuvre de Dieu ». Aussi, Sainte Thérèse d’Avila, docteur de l’Eglise, guide incomparable de la vie mystique avec saint Jean de la Croix, disait en trois mots ce que tout homme est appelé à prendre comme règle de vie : « Dieu seul suffit ! » 

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