L’édito de la semaine, le 26 Mars 2023

Commentaire de l’Evangile du Jour (26 Mars 2023, 5ème dimanche de Carême) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. » (Jn 11,14-15) dit Jésus à ses disciples. Ouvertement, Jésus annonce qu’il va profiter de ce malheureux événement, la mort de son ami Lazare, pour fortifier la foi de ses disciples. De fait, au bout de quatre jours, la mort ne fait plus de doute. Lazare n’est pas simplement endormi. D’ailleurs, sa soeur ne dira-t-elle pas à Jésus : « Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour qu’il est là. » (Jn 11,39) ? Alors, Jésus en profite pour lui dire : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » (Jn 11,40). L’occasion est rêvée pour annoncer non seulement le mystère de la résurrection, mais aussi qu’il est lui-même ce mystère : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. » (Jn 11,25-26). Nous arrivons là, à la révélation d’un sommet dans le mystère de la divinité du Christ comme puissance de vie. Certes, dans le cas présent, Lazare ne va que revenir à la vie, ce qui n’est déjà pas rien, puisque le mystère de la résurrection ne se réalisera pour les hommes qu’à la fin du monde. Seul Jésus, lui-même, connaitra ce mystère le troisième jour après sa mort, le dimanche de Pâques, et, bien sûr, également la Vierge Marie, qui montera avec son corps et son âme au ciel, lors de son Assomption. Pour tous les autres, il faudra attendre le jugement dernier, lors de la Parousie. De fait, la résurrection n’est pas un simple retour à la vie sur terre, elle est bien plus que cela : elle est participation, âme et corps, à la vie éternelle, autrement dit à la vie de Dieu. Qui dit résurrection, dit vivre, corps et âme, avec et en Dieu. C’est une participation à la vie de la Très Sainte Trinité. On est donc loin d’un simple retour à la vie terrestre avec sa cohorte d’épreuves, et d’infirmités du corps, qui de toute façon ne peut que vieillir et connaître le poids des ans. Ainsi, Lazare connaitra une seconde mort, terminant sa vie comme évêque de Marseille, pas très loin du lieu de la Sainte Baume où sa soeur, sainte Marie-Madeleine, se retira dans un ermitage. Marthe et Marie-Madeleine pensaient, que la présence de Jésus aurait pu empêcher la mort de leur frère : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » (Jn 11,21.32). D’ailleurs, le mystère de la résurrection leur était déjà connu, puisque Marthe l’affirme d’emblée à Jésus : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. » (Jn 11,24). Or, ce qu’elles semblent ignorer, c’est que Jésus est lui-même « la résurrection et la vie », voilà pourquoi il dit à Marthe : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » (Jn 11,25-26). Ainsi, Jésus n’est pas seulement, celui qui aurait pu empêcher Lazare de mourir, comme le savaient Marthe et Marie-Madeleine, mais il est aussi celui qui est la source même de la résurrection. En demandant à Marthe « Crois-tu cela ? » (Jn 11,26), indéniablement, il révèle sa divinité, Celui qui n’est pas seulement Celui qui redonne vie, mais bien plus que cela, Celui qui sauve définitivement l’homme de la mort en lui donnant la résurrection et d’avoir part à sa vie divine. Là, il ne s’agit plus d’un constat comme celui que feront tous ceux qui assisteront au retour à la vie de Lazare, mais plutôt d’un mystère de la foi, qui appelle à un acte de foi : « Crois-tu cela ? » (Jn 11,26). Cette question que Jésus pose à Marthe, et à laquelle elle répondra d’un élan de coeur : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. »  (Jn 11,27), est la question que Jésus nous pose à chacun. Non seulement, elle demande un acte de foi, mais aussi nous pousse à poser un acte d’espérance. C’est ce qui donne sens à la vie offerte par les nombreux martyrs de l’Eglise, victimes sacrifiées en raison de leur foi. Beaucoup, qui étaient acculés à professer leur foi ou à la renier pour éviter la mort, n’ont pas hésité à la confesser au prix d’une mort certaine, car l’espérance en la résurrection habitait leur coeur, sans laquelle, un tel sacrifice aurait été tout simplement impossible. Alors que Jésus vivra une mort après une passion terrifiante qui conduira pour la quasi-totalité des disciples à perdre, pour un temps, la foi, seul le brave Jean, la Vierge Marie, sa mère, à la foi inébranlable et quelques autres femmes, présents au pied de la Croix, seront les témoins de l’espérance, que le mystère de la résurrection appelle. En l’annonçant à ses disciples, Jésus accorde le soutien dont notre coeur attend pour donner sens à notre vie. Que ce chemin du carême qui progressivement nous fait gravir le Golgotha avec Jésus, soit nourri, pour chacun de nous, par les vertus théologales, foi, espérance et charité, que nous avons reçues lors de notre baptême et que recevront les catéchumènes baptisés dans la nuit de Pâques ! 

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