L’édito de la semaine, le 25 Juin 2023

Commentaire de l’Evangile du Jour (25 Juin 2023, 12ème dimanche du Temps Ordinaire, Fête de Saint Maixent) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Ne craignez pas les hommes… craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps… Quant à vous, même les cheveux de votre tête sont tous comptés. Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux. » (Mt 10,26.28.30-31) nous dit Jésus dans l’Evangile de ce dimanche. L’enseignement de Jésus est pleinement éclairant et capital pour débusquer les vrais dangers des faux, ce qu’il faut craindre de ce qu’il ne faut pas craindre, ce qui est essentiel de ce qu’il ne l’est pas. 

Tout d’abord, Jésus nous parle d’une réalité fondamentale que nos contemporains oublient trop facilement : le salut de notre âme, autrement dit le ciel. Trop souvent, nous pensons et nous vivons comme si cela n’avait guère d’importance ou du moins avec une certaine insouciance, alors que Jésus ne cesse pas de nous en parler dans l’Evangile. Si tel est le cas, c’est donc que cela est une vérité absolument cruciale. Une fois posé ce premier constat, cette première réalité, qui n’est non pas secondaire mais bien de la plus haute importance, il nous reste à en découvrir les modalités : que devons-nous faire et que devons-nous craindre et ne pas craindre ? 

Pour ce faire, Jésus dit : « Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière ; ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits… Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. » (Mt 10,27.32) Autrement dit, Jésus nous demande d’être des témoins, de témoigner de lui et donc de ne pas rougir de lui. Ce qui veut dire : vivre en chrétien et donc mettre Dieu au centre de notre vie, vivre en sa présence par lui et pour lui. Ce n’est pas tant de le crier verbalement sur les toits que de vivre de lui, qui est une vraie proclamation sur les toits. Jésus ne reprochera-t-il pas aux pharisiens de dire et de ne pas faire ? Les paroles sans les actes ne sont donc pas un vrai témoignage. 

Pour ce que nous devons craindre, Jésus désigne le vrai ennemi, le débusque, lui qui se cache bien et ne se fait jour réellement que pour ceux qui veulent embrasser le chemin de la sainteté : le vrai ennemi, ce n’est pas l’autre. Ce ne sont pas ceux qui nous persécutent ou ceux qui peuvent nous ôter la vie. Non, le pire ennemi que nous ayons, le seul qui peut nous conduire à la perte du salut et donc du ciel, ce n’est même pas le diable puisque sans nous son pouvoir est vain. Non, le pire ennemi que nous ayons, c’est bien nous-même, le seul qui peut nous priver du ciel. Voilà pourquoi, Jésus dit : « Ne craignez pas les hommes. » (Mt 10,26) et ajoute : « craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps. » (Mt 10,28). Ainsi, la réalité est tout autre entre celui qui vit avec le caractère crucial de la vie du ciel au coeur de sa vie et celui qui ne vit que pour ce monde. L’ennemi ne peut pas être le même. Celui qui ne cherche que la vie mondaine verra rarement en lui l’ennemi, si ce n’est pour se faire des reproches d’avoir manqué de prudence ou d’habileté contrecarrant ses projets. Quant à celui qui cherche le ciel craindra de ne pas faire la volonté du Seigneur, le seul qui peut le préserver de l’ennemi qui sommeille en lui. 

Aujourd’hui, nous fêtons le grand saint de cette ville, qui lui a donné son nom : saint Maixent. Cet homme a fui le monde pour se retirer dans un petit monastère à l’école d’un saint abbé, saint Agapit et dans le rayonnement de l’illustre saint Hilaire qui fut évêque de Poitiers. Il s’est appliqué à chercher Dieu et le mettre au coeur de sa vie, de telle sorte que sa sainteté rayonnait et était tellement criante, que les moines, bien rapidement, vont le choisir pour abbé. Lorsque les Visigoths menacèrent de ravager la région et répandre la terreur, saint Maixent alla à la rencontre des soldats pour empêcher le malheur. Un soldat dégaina son épée dans l’intention de lui porter le coup fatal. Or, notre saint paralysa son bras et sema, dans le coeur de ces hommes venus donner la mort, la peur, de sorte qu’ils partirent sans leur butin, après que le saint lui rendit l’usage de son bras. Ce miracle eut une telle renommée, que Clovis, en personne, est venu remercier saint Maixent de son geste qui sauva la contrée de la barbarie. Saint Maixent n’a pas craint la mort, les soldats et leurs actions funestes, mais avait plutôt craint de ne pas répondre avec promptitude à la volonté divine. 

La Vierge Marie, plus que toute autre saint, en a fait une école de vie : chercher inlassablement, sans répit, la volonté divine, comme Jésus lui-même le disait dans l’Evangile à propos de son Père : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. » (Jn 4,34).

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