L’édito de la semaine, le 24 Septembre 2023

Commentaire de l’Evangile du Jour (24 Septembre 2023, 25ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ? » (Mt 20, 15) dit Jésus dans l’Evangile de ce dimanche. La première réaction qui nous vient à l’esprit, c’est que les hommes n’ont pas le même sens de la justice que Dieu. Avant d’embaucher les premiers hommes à sa vigne, le maître prend bien soin de se mettre d’accord avec eux sur le salaire : « Il se mit d’accord avec eux sur le salaire de la journée : un denier, c’est-à-dire une pièce d’argent. » (Mt 20,2). C’est clair, personne ne peut se plaindre d’être lésé, puisque tout a été convenu avant même que les premiers ouvriers partent travailler à la vigne du maître. Or, ces derniers vont pourtant récriminer contre leur maître, car ils trouvent que celui-ci est injuste envers eux, parce qu’il ose donner à ceux qui ont peu travaillé autant qu’à eux qui ont travaillé toute la journée. Ainsi, la justice pour les hommes s’établit à partir de la comparaison entre les ouvriers, en fonction de l’effort fourni, malgré ce qui avait été convenu auparavant. A contrario, le maître, lui, s’en tient à ce qui est convenu. Autrement dit, il s’en tient à ce qui est parfaitement juste, car comment peut-on reprocher à son maître de donner un salaire qui a été convenu avec lui ? Ce qui, finalement pose problème, ce n’est pas que le maître soit injuste avec les premiers, mais plutôt qu’il soit trop généreux ou trop bon avec les derniers, de telle sorte que le salaire des derniers paraît disproportionné par rapport aux premiers. Aussi, au lieu de récriminer contre leur maître, parce qu’il leur semblait être injuste, ils auraient dû plutôt lui reprocher d’être trop généreux avec les derniers, ce qui aurait été plus juste. Or, il faut bien l’admettre, nous préférons crier à l’injustice quand cela nous arrange, plutôt que louer la bonté et la générosité lorsqu’elles ne tournent pas en notre faveur. De fait, en criant à l’injustice du maître, alors que celui-ci n’est tout simplement plus généreux avec d’autres, nous devenons injustes, puisque nous l’accusons faussement, ce que dira le maître à ses premiers ouvriers : « ‘Mon ami, je ne suis pas injuste envers toi. N’as-tu pas été d’accord avec moi pour un denier ? Prends ce qui te revient, et va-t’en. Je veux donner au dernier venu autant qu’à toi : n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mes biens ? Ou alors ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ?’ » (Mt 20,13-15). Ne le constatons-nous pas souvent que lorsque l’homme sans miséricorde crie à l’injustice de son frère, c’est très souvent lui-même qui devient injuste, car il ramène exclusivement le problème à sa vision, qui, le plus souvent, devient égocentrique ? L’orgueil de l’homme empêche de voir son prochain, comme un frère, mais plutôt le considère comme un concurrent. Or, Jésus donne une règle bien différente : « Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi » (Mt 7,12). Ainsi, le bonheur du ciel, c’est de se réjouir du bonheur de l’autre comme son propre bonheur, de telle sorte, que la jalousie laisse place à la joie d’aimer l’autre comme soi-même.

La Vierge Marie nous montre le chemin : elle nous conduit à regarder son Fils bien aimé. Elle ne cesse de contempler Dieu et de chanter ses louanges, car tout ce qu’elle est vient de Dieu. C’est l’attitude juste du chrétien. Regarder Dieu, conduit toujours à l’humilité ; regarder les autres par rapport à soi ou à ce que nous ferions à leur place, conduit très souvent pour ne pas dire toujours à l’orgueil ou à la médisance, autrement dit à la médiocrité.

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