L’édito de la semaine, le 23 Avril 2023

Commentaire de l’Evangile du Jour (23 Avril 2023 3ème Dimanche de Pâques) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » (Lc 24,25-26). Curieusement, les deux disciples ne réagissent même pas : comment toi, qui ne connais par l’évènement de ce qui s’est passé à Jérusalem, tu nous expliques le pourquoi du comment du mystère de la résurrection qui devait arriver ? Une telle curiosité aurait dû, tout bonnement, les frapper, ou du moins les étonner. Au contraire, ils vont l’écouter avec attention. Le mystère les enveloppe d’une telle profondeur qu’ils se laissent former dans leur coeur par le divin Fils de Dieu ressuscité. Ils ne le reconnaissent pas, comme tous les disciples, et non seulement la première fois suite à la résurrection, mais aussi à chaque nouvelle apparition du Ressuscité. Même, celle qui suivra cet épisode, lorsque les deux disciples retourneront aussitôt à Jérusalem pour raconter aux apôtres leur rencontre avec Jésus sur le chemin d’Emmaüs et qu’au moment même où ils racontent ce qu’ils ont vécu, Jésus va se trouver au milieu d’eux et tous, le prendront pour un fantôme. Certes, il est là, subrepticement au milieu d’eux sans être entré dans la pièce, ce qui donne évidemment suffisamment de quoi les ébranler. Ainsi, nous sommes devant un grand mystère qui échappe tout bonnement à la raison. Rien de ce mystère ne peut être observé par les seuls sens et compris par la seule raison. Sans la foi, le don de Dieu, l’homme est incapable d’accueillir un tel mystère. Autant un miracle opéré par Jésus pouvait laisser transparaître la grandeur de son auteur et laisser deviner le caractère divin de son être ou du moins le caractère d’envoyé de Dieu, autant le mystère du Christ ressuscité, méconnaissable, sans miracle apparent, hormis ses apparitions spontanées au milieu de ses disciples, pouvaient laisser les disciples comme désemparés. Cela l’était d’autant plus que la crucifixion, quelques heures avant, avait jeté dans le coeur de ces hommes un tel effroi qu’ils étaient comme interdits, sans voix, sans intelligence. Là, Jésus va les réveiller de leur torpeur, comme on sort un homme de son sommeil, et éclairer leur intelligence des mystères qui se déroulent cachés à leurs yeux pour que leur volonté puisse embrasser ce que seule la foi peut leur donner. Cette expérience des pèlerins d’Emmaüs est, bien sûr, celle du mystère même de l’Eucharistie : Jésus instruit notre intelligence par sa parole pour que nous puissions entrer dans la profondeur de sa présence eucharistique si mystérieuse à nos sens et ô combien profonde pour notre foi, afin que Jésus puisse vivre aux tréfonds de notre âme et que nous puissions dire avec nos deux pèlerins d’Emmaüs : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » (Lc 24,32). Personne n’a pu et ne peut échapper à la grandeur d’un tel mystère. Il n’y a que la Vierge Marie, qui ne cessait de méditer les événements, éclairée par les prophéties de la parole de Dieu, qui a pu se laisser conduire sur le chemin de la foi sans que jamais son coeur n’ait pu être pris en défaut. La grandeur de son âme est à l’image de la confiance inébranlable en Dieu que son coeur ne cessait de nourrir envers lui, de telle sorte que chaque événement, bien qu’incompris par son intelligence, était comme porté par sa foi sans faille. Son Coeur immaculé, au risque de me répéter, est notre refuge et notre soutien qui ne peut que nous conduire à Dieu, comme elle-même l’a formulé aux petits pastoureaux de Fatima.

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