L’édito de la semaine, le 21 Novembre 2021

Commentaire de l’Evangile du Jour (21 Novembre 2021, Christ Roi de l’univers) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. » (Jn 13,36) dit Jésus à Pilate. C’est un grand mystère. De fait, nous sommes tous désireux de voir le Christ triompher, le bien l’emporter sur le mal, l’amour remporter la bataille sur la haine, la paix être victorieuse sur la guerre. Or, il faut bien se rendre à l’évidence, que ce n’est pas aussi idyllique que cela. Au contraire, ne voyons-nous pas le mal, le mensonge, la guerre, l’injustice l’emporter sur le bien, la vérité, la paix ou la justice ? Ne voyons-nous pas le monde s’enfoncer dans un rejet et une profonde méconnaissance de Dieu, dans une grande incertitude qui mine tant le moral de chacun. Aussi, devant cet homme humilié, prisonnier, ligoté, bientôt flagellé et couronné d’épines, qui allait porter une lourde croix écrasante, harassante de son poids sur un chemin jonché de pierres, dans une poussière recouvrant tout son corps, sous le couvert d’injures, de crachats et de moqueries de ses ennemis, devant une foule ébahie de ce qui se passait, et puis finalement cloué sur une croix au Golgotha, donnant le dernier souffle de vie dans une souffrance innommable ; alors, comment le témoin de cette immense tragédie pouvait-il réagir ? Où est le royaume de Dieu ? Où est le Messie, tant promis, annoncé depuis de nombreux siècles par les prophètes ? Est-ce cela qui avait été annoncé ? Cela devait-il paraître être un échec cuisant, aujourd’hui on dirait un fiasco ? La réponse, Jésus la donne à Pilate : « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. » (Jn 13,36). Oui, tout est dit. Jésus n’est pas venu triompher des hommes, il n’est pas venu pour améliorer notre quotidien, nous guérir de nos maladies de cette terre, nous donner notre nourriture, une bonne santé, le bonheur d’ici-bas, répondre à nos moindres besoins, aussi légitimes soient-ils. Non, il est venu instaurer un règne éternel dans les coeurs. Il est venu instaurer le Royaume où sont vaincus le péché et sa conséquence qu’est la mort. Il est venu donner la vie éternelle et le bonheur dont notre coeur aspire. Il est venu nous donner le ciel, le vrai but de cette vie. Cependant, cela ne veut pas dire pour autant que le Royaume de Dieu ne commence pas ici-bas. Au contraire, il commence dès notre baptême, lorsque nous recevons la grâce pour changer nos coeurs, nous convertir jour après jour, pour vivre les commandements de l’amour de Dieu, que le Seigneur nous a légués. C’est cela le Royaume de Dieu ici-bas, dans les coeurs, qui transpire dans nos actes et qui donne de l’amour à ceux qui veulent bien l’accueillir. Nous le consommerons dans l’éternité.

La Vierge Marie et les saints s’y sont préparés avec ardeur pour vivre dès cette terre le bonheur de la vie du Royaume de Dieu. Ils ont fait de leur vie terrestre un tremplin pour la vie du Royaume de Dieu. Ils ont semé autour d’eux ce qui en constitue la sève, toujours la même, celle que le Seigneur, du bois de sa Croix, a déversé sur le monde : le flot ininterrompu de sa miséricorde divine. Jésus a choisi, lui-même, d’en garder les traces : les stigmates de sa crucifixion, cela même qui a conduit un certain Thomas incrédule à la foi : « Mon Seigneur et mon Dieu. » (Jn 20,28).

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