Solennité du Corps et Sang du Seigneur (Fête-Dieu)

Solennité du Corps et du Sang du Seigneur (Fête-Dieu)

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« Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. » (Jn 6, 56)

La fête du corps et du sang du Seigneur, appelée traditionnellement « Fête-Dieu » est la grande fête de l’Eglise sur le mystère de « la présence réelle » du Seigneur dans l’Eucharistie. C’est un grand mystère que nombre de chrétiens ont du mal à comprendre. Le mystère est un changement de la substance, appelé « transsubstantiation », c’est à dire c’est un changement de ce qui EST le pain en ce qui EST le corps du Seigneur, et ce qui EST le vin en ce qui EST le sang du Seigneur. Autrement dit, ce qui change « c’est ce qui EST», et non pas ce qui paraît être. Ainsi, ce qui paraît être du pain n’a pas changé : après les paroles de la consécration, nous voyons toujours la même apparence du pain, le même goût, la même odeur, le même toucher. Et même si nous prenions un microscope ou bien encore si nous faisions une analyse dans un laboratoire, la conclusion serait toujours la même : c’est bien du pain, il n’y a pas de changement. Pourtant, ce n’est plus du pain.

Comment pouvons-nous l’affirmer alors ? Il va de soi, que la science, la raison, l’intelligence, tout cela est dans l’incapacité d’affirmer un tel changement. Il ne reste donc que la foi. Le prêtre, en disant les paroles de la consécration, induit l’action de l’Esprit Saint qui transforme l’être du pain en corps du Seigneur, tout en gardant toutes les propriétés, les caractéristiques du pain, car ce n’est pas un changement visible, mais plutôt un mystère, que seule la foi peut appréhender.

Je prendrai un exemple à l’envers, pourrait-on dire. Un bébé, dans son berceau, devenu vieillard, n’est plus reconnaissable. J’ai l’impression que ce n’est le plus même être et pourtant c’est toujours lui, bien que l’apparence en est fort différente. Dans le mystère de l’Eucharistie, nous avons l’inverse : l’être à changé, ce n’est plus la même chose et pourtant rien ne semble avoir changé. Tout le monde peut comprendre qu’une chose ne se réduit pas à ce que l’on peut voir et qui serait analysable par la science, puisque j’ai du mal à reconnaître la personne du bébé dans le vieillard : il y a donc une réalité plus profonde que celle qui se voit. Et, peut être, vais-je vous surprendre, mais un enfant, qui découvre les choses, pose une question fondamentale : « qu’est-ce que c’est ? », qui concerne non pas le seul visible de la chose qu’il voit, mais plutôt l’être, la substance de la chose qu’il voit. Nous allons lui répondre c’est telle ou telle chose, indépendamment de sa couleur, de sa forme, de sa grosseur ou petitesse… L’homme se pose donc la question de l’être de la chose : qu’est ce que c’est ? y compris l’enfant, c’est dire que le mystère de « la présence réelle » bien que connu que par la foi, n’est pas si loin de nous, puisque nous sommes en quête de savoir ce que c’est. C’est le corps du Seigneur, quelle qu’en soit l’apparence, c’est cela que nos cœurs cherchent et Dieu veut habiter nos cœurs pour y établir son règne d’amour. Ce mystère, c’est cela que Dieu a choisi pour que nous puissions l’adorer et le laisser nous transformer dans son amour.

Abbé Thierry Delumeau

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