L’édito de la semaine, le 21 Mai 2023

Commentaire de l’Evangile du Jour (21 Mai 2023 7ème Dimanche de Pâques) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. » (Jn 17,3) nous dit Jésus dans l’Evangile de ce dimanche, dans cette magnifique prière que l’on appelle sacerdotale et que l’on ne trouve que dans l’Evangile de saint Jean. Ainsi, la vie éternelle n’est pas tant de jouir d’un temps de repos pour soi, à l’image de ce que peuvent être les vacances, mais plutôt de vivre avec Dieu, une vie d’amour de plénitude de Dieu. Autrement dit, la vie éternelle est plus de l’ordre d’une relation de bonheur d’amour infini avec Dieu que l’on ne cessera de vivre dans un éternel aujourd’hui, que le profit purement personnel d’un bonheur que l’on voudrait vivre seul. On est donc très loin, de ce que l’on pourrait appeler, « de prendre du temps pour soi », pour son épanouissement personnel, qui se vivrait indépendamment des autres. Nous sommes des êtres de relations, c’est le propre de la personne humaine. Aucune autre créature visible ne connait ce qui rend l’homme image et ressemblance de Dieu. Seul l’ange, autre créature mais purement spirituelle, est doté de cette perfection qui caractérise le bonheur que nous, anges et hommes, pouvons partager avec Dieu. Ainsi, Jésus donne à l’homme par le salut ce qui peut paraître inouï : vivre sa vie. Aussi, saint Jean montre que connaître Dieu, c’est l’aimer, car le but de l’intelligence des mystères, en l’occurrence Dieu, est d’aimer. Connaître Dieu ne peut se réduire à une notion de connaissance intellectuelle de Dieu. La connaissance de Dieu est plutôt une connaissance d’amour. L’être connu, l’est pour être aimé. Inversement, ne pas aimer, c’est ne pas connaître. Ainsi, quand on n’aime pas quelqu’un, on ne peut donc pas le connaitre, puisque l’on réduit la personne à ce que l’on connaît de mal en elle. Or, chaque personne est plus grande que les actes qu’elle pose. Dieu, lui-même, est connaissance et amour, puisqu’il envoie son Fils pour nous instruire, nous faire connaître qui est le Père, et envoie l’Esprit Saint, pour que nous puissions l’aimer de son amour, ce que notre amour humain, à lui seul, ne peut faire. C’est pourquoi Jésus peut dire : « J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé ta parole. Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m’as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m’avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé. » (Jn 17,6-8). Après avoir accompli sa mission, Jésus demande à son Père de le glorifier : « Et maintenant, glorifie-moi auprès de toi, Père, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde existe… Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi.  » (Jn 17,5.11). Quittant cette terre, Jésus demande d’être glorifié par le Père, autrement dit, d’être élevé dans la gloire du Père, dans son humanité, âme et corps, afin que ceux que le Père lui a donnés puissent aussi partager sa gloire, à laquelle son humanité est appelée à vivre. C’est le mystère de la récapitulation, c’est-à-dire que tous ceux que le Père a donnés au Fils, puissent, par le mystère du salut accompli, être dans « les mains » du Père. Le Fils lui remet toute chose, afin que tous soient un en Dieu, comme le Fils est un dans le Père. C’est le mystère du ciel, de la communion d’amour qui nous paraît inatteignable, ce qui est vrai, mais ce qui est impossible à l’homme le devient avec la grâce de Dieu. La Vierge Marie, illuminée de la grâce divine en proportion de sa foi sans faille, dotée d’une espérance absolue et d’un amour ardent, vivait dans son coeur le ciel sur terre, tout en étant plongée de ses yeux de chair dans les ténèbres obscurs de ce monde, qui ne peuvent rien révéler à l’homme de ce qu’est la profondeur du mystère de Dieu sans être habité de la grâce divine. Ainsi, comme la Vierge Marie et les saints de tous les temps, plongés dans ce qui demeure invisible à nos yeux, laissons-nous porter par la puissance du mystère de la foi reçue lors de notre baptême, pour que notre coeur puisse rechercher inlassablement à ce qu’il aspire, bien que nos yeux de chair soient encore pleinement aveuglés. 

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