L’édito de la semaine, le 21 Janvier 2024

Commentaire de l’Evangile du Jour (21 Janvier 2024, 3ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » (Mc 1,15) dit Jésus dans l’Evangile de ce dimanche. A n’en point douter, l’urgence de la conversion est au coeur de la prédication évangélique. Elle l’était il y a 2000 ans, elle l’est encore aujourd’hui et le restera jusqu’au retour du Christ dans la gloire. Elle est même l’une des caractéristiques essentielles de la vie chrétienne, puisque la vie chrétienne est vivre de Dieu. Nombre de religions fondent la pratique de celles-ci sur des prières, des cultes rendues à la divinité, pour s’attirer la faveur de celles-ci et qu’elles puissent ainsi assurer le bien être, apporter le secours aux fidèles. Aussi, il demeure toujours une distance entre la divinité et les hommes qui reste infranchissable, de sorte que l’homme vit toujours éloigné de Dieu. Or, la vie chrétienne ne peut se contenter de prières et de cultes rendus à la divinité, car elle est une vie de Dieu dans le fidèle, au point comme le dira saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi. » (Gal 2,20). Ceci change bien des choses, et, bien sûr, est autrement plus exigeante, mais aussi ô combien plus féconde, car l’homme est appelé à partager la vie de Dieu. Ce qu’il n’avait pas imaginé dans ses pensées les plus profondes, Dieu l’a réalisé. L’exigence est à la hauteur de l’incomparable bonheur que Dieu veut donner à l’homme. Il l’a créé pour cela et sauvé en donnant sa vie sur la Croix pour le délivrer des chaînes de la mort dans laquelle l’homme s’était engouffré. Le mystère de l’Incarnation en dit long du sérieux de ce que Dieu a voulu pour l’homme : s’il épouse l’humanité en se faisant homme, c’est pour que l’homme puisse partager sa divinité. 

Ainsi, un tel mystère demande nécessairement une conversion permanente, afin que Dieu puisse vivre en nos coeurs. C’est pourquoi, il ne cesse d’inviter à la conversion, au retournement de notre coeur vers lui, qui ne peut rien faire sans l’acquiescement de notre volonté. Aussi, le choix des Apôtres n’a d’autre but que d’aller à la pêche des pécheurs : « Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. » (Mc 1,17). Qui dit pêche, dit sortir le poisson de l’eau, et là il s’agit de sortir le pécheur du péché pour le ramener au rivage non pas pour mourir et être mangé, mais au contraire pour vivre et recevoir du Maître la vie et le bonheur éternels. Jésus choisit ses apôtres, pour d’abord en faire des disciples, afin qu’eux-mêmes ne cessent de se convertir et qu’ils soient des vivants du Christ bon Pasteur. L’enjeu de la conversion est donc une affaire sérieuse ; elle ne peut être prise à la légère. Le chrétien, qui ne la met pas au programme de chaque jour, verra peu à peu son âme s’éloigner de Dieu, au point de devenir indifférent à sa parole. De fait, si la parole de Dieu nous laisse indifférent, si elle ne nous émeut pas autant que les urgences de notre vie quotidienne, si elle ne nous met pas en quatre pour chercher à conformer notre vie selon l’exigence de l’Evangile, alors, peut-être, que notre coeur est dans une période glaciaire et qu’urgemment nous sommes invités à le réveiller de sa torpeur glaciaire pour aller le laisser brûler de la fournaise ardente de l’amour du Coeur de Jésus. 

La Vierge Marie, notre mère, non pas en concurrence et sur le même registre que les pasteurs que Jésus a choisis, a précisément reçu cette mission de venir nous rappeler et aider nos coeurs à sortir de la torpeur glaciaire pour nous conforter à nous jeter dans les bras de son Fils qui ne cesse de brûler d’amour pour ceux qui mettent résolument leur confiance en lui. C’est ce qu’elle a dit le 13 Juin 1917 à Fatima à la petite Lucie : « Ne te décourage pas, je ne t’abandonnerai jamais ! Mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu… ».

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