Commentaire de l’Evangile du Jour (2 Juillet 2023 13ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :
« Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi. Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la trouvera. » (Mt 10,38-39) nous dit Jésus dans l’Evangile de ce dimanche. Les paroles de Jésus peuvent apparaître dures au premier regard. De fait, elles sont exigeantes, mais il en va de notre vrai bonheur. Le monde nous a trop habitués à penser qu’en faisant ce que nous voulions, nous étions libres, alors que nous ne cessons d’être profondément influencés dans nos choix par une flatterie de nos sens qui nous gouvernent plus que notre volonté elle-même le fait. Du coup, au lieu d’être libres, nous devenons des esclaves. Finalement, être libre ce n’est pas faire ce qui me passe par la tête à l’instant T, résultat de nombreuses influences que le monde m’impose et qui ne peuvent donner qu’un bonheur éphémère ou illusoire. Non, être libre, c’est chercher ce qui est vrai et ce qui est bon pour moi, et donc exercer ma volonté pour réguler mes sens. Dans le cas présent, Jésus demande de prendre sa croix pour le suivre, afin d’être digne de lui. Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ? Prendre sa croix, c’est commencer par renoncer à satisfaire ses premiers désirs pour écouter Celui qui s’adresse à moi et qui me parle. Jésus le dit lui-même dans l’Evangile : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. » (Mt 26, 39 ; Cf: Mt 26,42 ; Lc 22,42). Il nous montre le chemin, la voie. En écoutant la volonté du Père, il accomplit le mystère de la Croix et délivre le monde des affres de l’enfer. En écoutant la voix de Dieu (la Parole de Dieu), l’homme trouve sa vraie liberté, car il accueille ce pourquoi son coeur a été créé et ce pourquoi Dieu veut le sauver et lui donner la vie éternelle. Même si la mort gagne l’homme, même si c’est au prix de sa vie, sa mort débouchera sur la vie éternelle, comme Jésus l’a vécu lui-même dans son mystère pascal et donne à l’homme de le vivre : Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la trouvera. » (Mt 10,39). Au final, tout est dans la confiance. Autant cette parole de Jésus peut apparaître prétentieuse et imprudente pour un homme sans confiance, autant, habitée par celle-ci, notre croix devient le lieu par excellence de l’expression de notre confiance envers Dieu. La confiance de Jésus envers le Père, est l’expression de son amour infini de Fils envers son Père. Or, en tant que fils de Dieu, comme nous le sommes devenus par le baptême, comment pourrait-il y avoir un autre chemin pour l’homme que de se jeter dans les bras de Dieu dans un acte de confiance et qu’ainsi épousant la croix du renoncement, nous trouvions Celui qui nous aime plus que nous-mêmes et qui n’a d’autre ambition que de nous partager son bonheur éternel. Ainsi, la croix à prendre sur nos épaules pour nous mettre à la suite du Christ est l’expression de la confiance de l’homme envers son Dieu.
La Vierge Marie, ainsi que le cortège des saints, ont mis à profit cette confiance en Dieu, dans laquelle ils percevaient un trésor qui dépasse tous les trésors de la terre. Aussi, craignaient-ils bien plus eux-mêmes que Dieu lui-même, sachant que Dieu ne veut leur donner que son amour, source de vie éternelle, alors que leur volonté pouvait facilement s’égarer par les erreurs et les séductions de ce monde.
Que l’été, soit pour chacun un moment de repos et d’approfondissement de la recherche de l’essentiel, cela même qui comble nos âmes éprises d’amour.
Bel été à tous.
