L’édito de la semaine, le 14 Mai 2023

Commentaire de l’Evangile du Jour (14 Mai 2023, 6ème Dimanche de Pâques) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité » (Jn 14,15-17) dit Jésus. La promesse de Jésus se fera jour lors de la Pentecôte. A ce moment-là, les disciples seront inondés de la grâce divine et le Saint Esprit les transformera de telle sorte que Dieu pourra pleinement agir en eux. Il les aidera non seulement à vivre la mission que Jésus leur confia : être les témoins du Christ jusqu’au bout du monde, mais aussi, avant tout et pour pleinement accomplir cette mission, à vivre la vie chrétienne. Or, bien que cela paraisse plus facile à vivre que d’être témoin au bout de la terre, l’apparence est bien trompeuse. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, mondialement connue, ne disait-elle pas lorsqu’elle eut lu la non moins célèbre épître de saint Paul aux Corinthiens concernant l’hymne à l’amour (1Co 13,), quel serait l’amour dans l’Eglise ? N’avait-elle pas compris que c’est l’amour qui permet au missionnaire d’annoncer l’Evangile au bout du monde, ou encore au martyr de verser son sang pour témoigner du Christ, ou encore au prêtre ou à la religieuse de donner sa vie pour servir le Christ et son Eglise ? Autrement dit, sans une vie chrétienne authentique, c’est-à-dire une vie habitée par l’amour du Christ, rien ne pourra se faire en terme de témoignage. Les Apôtres l’ont montré : avant la Pentecôte, ils étaient des hommes timorés, après rien ne pouvait les arrêter, même pas la mort. Ainsi, ce n’est pas la mission en tant que telle dont ils sont investis qui leur donnait ce courage, mais bien la présence de l’Esprit Saint en eux, la vie du Christ dans leur coeur qui leur donnait cette flamme, de telle sorte que tous ceux qui les côtoyaient et dont le coeur s’ouvrait à la grâce, les voyaient brûler du feu de Dieu. Il n’est donc pas étonnant que Jésus dise à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements » (Jn 14,15). L’amour est au coeur de la vie du croyant. Elle est l’âme même du fidèle, car c’est l’amour qui permet au croyant de vivre du Christ, de telle sorte que sans l’amour pas de présence de Jésus en soi, pas d’action de l’Esprit Saint possible. Garder les commandements de Jésus, c’est garder l’amour de Dieu dans son coeur, c’est se laisser aimer par Jésus pour l’aimer, lui Dieu, et les frères que Jésus nous donne d’aimer. C’est ce qu’il dit : « Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. » (Jn 14,21). Ainsi, toute la vie du fidèle sera une recherche inlassable d’accomplissement de la volonté de Dieu, qui est de vivre le commandement de l’amour, au point que le fidèle doit se faire à chaque fois violence pour ne pas tomber dans le refus d’aimer et de pardonner. Lui, Jésus, n’a pas hésité à pardonner au prix de sa vie sur la Croix, pour que les ennemis de Dieu que nous étions à cause du péché, nous puissions devenir amis par le fruit de sa divine miséricorde. Fort du don de l’amour du Dieu miséricordieux, nous recevons la grâce pour en vivre au point de pardonner nos ennemis et de les aimer comme des amis. Pour certains, cela va jusqu’au martyr de sang, puisque non seulement ils n’ont éprouvé aucune haine pour leurs bourreaux, mais ils ont plutôt prié pour eux, pour que leur péché ne soit pas compté. On peut penser à saint Etienne qui pardonna de la sorte à un certain Saul, lequel est devenu, à n’en point douter par la prière de saint Etienne, le grand saint Paul que nous connaissons. Aussi, ce qui semble tout bonnement impossible à l’homme, le devient avec la grâce, d’autant plus que Jésus lui donne de goûter d’un délice exquis, déjà sur terre, certes dans la foi, ce que nous verrons dans l’éternité : « Vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous. » (Jn 14,20).

La Vierge Marie, notre mère, plus que toute autre, était habitée de l’éternel amour de Dieu, de sorte que sa volonté, toute calquée sur celle de son divin Fils, cherchait sur terre ce que son âme désirait d’un ardent désir dans la foi : le ciel. Demandons-lui son aide dans notre chemin de foi, particulièrement en ce mois de Mai, qui lui est tout spécialement consacré.

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