Commentaire de l’Evangile du Jour (12 Novembre 2023, 32ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :
« Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre. » (Mt 25,6) dit Jésus à ses disciples, contant la parabole des dix jeunes filles invitées à des noces. Cinq sont prévoyantes, emportant de l’huile en prévision, cinq autres, n’emportant rien, sont insouciantes. Or, l’époux se fait attendre et donc ne peuvent entrer dans la salle de noces, que celles qui se sont préparées à un tel événement, celles qui ont apporté suffisamment d’huile. Cette parabole, racontée par Jésus, veut nous montrer en quoi ressemble le Royaume des cieux. D’emblée, elle pose le problème, qui n’est pas de savoir, s’il y a des noces et un époux, car telle est la réalité indiscutable, puisque les dix jeunes filles ont reçu l’invitation. Non, le problème vient de la disposition des jeunes filles, qui peuvent faire des choix lourds de conséquences.
Autrement dit, la réalité du Royaume des cieux, dont la parabole fait écho, est de savoir si nous nous apprêtons à cette réalité ou pas. Est-ce que nous mettons de l’huile pour alimenter la lampe de notre vie par une vie spirituelle en cherchant Dieu et son Royaume, ou bien au contraire, nous la négligeons, vivant dans l’insouciance et donc dans une vie où Dieu n’a guère de place ? Ainsi, le Royaume des cieux, comparable à des noces, dont l’époux est bien sûr le Christ et l’épouse est chacun d’entre nous, soit sous la figure de la prévoyante ou bien celle de l’insensé, montre la profondeur d’un mystère insondable de Dieu : l’homme est appelé à des noces avec Dieu. Oui, Dieu vient célébrer ses noces avec son épouse qui est l’humanité. Or, si l’époux est prêt et déterminé, l’épouse ne l’est pas autant, donnant l’impression que l’époux a plus d’amour à donner que l’épouse en a à recevoir. En concluant la fin de sa parabole par ces mots : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. » (Mt 25,13), Jésus montre tout l’enjeu du grand mystère qu’il révèle à ses disciples et en même temps le drame si les hommes ne se préparent pas avec sérieux et encore pire s’ils ne répondent pas à l’invitation.
Ainsi, de la parabole, on peut tirer deux constats, que Jésus nous livre :
Dieu est fidèle et, de pied ferme, veut que les hommes entrent dans un mystère d’union avec lui, malgré le péché qui l’avait éloigné de lui. Son pardon est tel, que non seulement il efface tous nos péchés, mais, dans sa miséricorde, va jusqu’à nous élever dans un mystère d’union entre la divinité et l’humanité.
L’homme est profondément libre ; Dieu ne le force nullement, mais l’invite à le rejoindre dans un mystère qui échappe à tout entendement, à toute intelligence humaine, de sorte qu’une certaine obscurité l’enveloppe et s’exprime notamment dans la parabole par une attente, qui met en œuvre chez l’homme le désir, la persévérance, le zèle pour attendre l’époux. De fait, ce qui demande de la persévérance, de l’effort, du combat, nourrissent indiscutablement l’ardeur de l’amour. A contrario, ce qui réclame peu d’effort ne fait guère grandir l’amour dans le coeur.
Forts de ces deux constats posés, nous pouvons en tirer une conséquence : Dieu nous aime, au point de nous demander en toute liberté de le rejoindre dans un mystère d’union, qui ressemble à un mariage entre Dieu et chacun de nous. Qui dit mariage, dit liberté, car nul ne peut être contraint de se marier sous peine que le mariage soit déclaré tout simplement nul. On ne pouvait pas rêver de plus grande destinée pour l’humanité, qui, dans un acte de folie, avait choisi la rébellion envers son Créateur, mais que celui-ci, dans sa grande sagesse et miséricorde, a choisi, dans une folie d’amour qui nous dépasse, de devenir notre Sauveur dans une étreinte d’un amour éternel.
A l’école de la Vierge Marie et des saints, nous avons des exemples, et ô combien avec la Vierge Marie, pour qu’à notre tour nous puissions saisir la main de Celui qui n’est que miséricorde, de Celui qui ne regarde pas nos péchés mais plutôt sa bonté sans limite pour étreindre nos coeurs de son amour infini.
