L’édito de la semaine, le 11 Décembre 2022

Commentaire de l’Evangile du Jour (11 Décembre 2022 3ème Dimanche de l’Avent) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute !  » (Mt 11,4-6). La réponse de Jésus n’est pas un argumentaire qui chercherait à prouver et convaincre, mais simplement un constat que ce qui est annoncé par les prophètes s’accomplit. Et comme Jean le Baptiste connait très bien la Sainte Ecriture, la réponse de Jésus ne pouvait pas être plus claire : les oeuvres du Père s’accomplissent en Jésus. Le Père témoigne lui-même du Fils, par les oeuvres accomplies, puisque le seul témoignage du Fils ne suffit pas : « Si c’est moi qui me rends témoignage, mon témoignage n’est pas vrai ; c’est un autre qui me rend témoignage, et je sais que le témoignage qu’il me rend est vrai… J’ai pour moi un témoignage plus grand que celui de Jean : ce sont les œuvres que le Père m’a donné d’accomplir ; les œuvres mêmes que je fais témoignent que le Père m’a envoyé. » (Jn 5,31-32.36). Ainsi, Jean le Baptiste a obtenu une réponse sans faille. Elle est garantie. Or, Jésus dit : « Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. » (Mt 11,11). Il veut dire que la personne la plus grande que la terre ait portée est Jean le Baptiste, car il est le grand prophète qui a le mieux préparé l’avènement du Messie. Autrement dit, il est celui qui est digne de confiance.  Ecouter Jean le Baptiste, c’est accueillir le Christ. Cependant, Jésus ajoute que « le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. » (Mt 11,11), car le plus petit qui est aux cieux est dans une condition bien meilleure que le plus grand qui est sur terre. De fait, la vie du ciel est infiniment plus grande que la vie sur terre. Il n’y a pas de commune mesure entre le ciel et ici-bas. Ce que Jésus veut dire, c’est que son oeuvre n’est pas avant tout pour guérir les malades et rendre la vie meilleure sur terre, mais bien de conduire l’humanité rachetée et sauvée au ciel. C’est en ce sens-là qu’il ajoute : « Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute !  » (Mt 11,6). Autrement dit, « ne vous méprenez pas : je suis venu pour vous donner le ciel, pour que tous puissent entrer dans mon royaume, car mon Père m’a donné les hommes pour que je puisse leur permettre de vivre de ma vie. » L’oeuvre du salut ne peut se réduire à la simple réalisation des oeuvres constatées : malades, aveugles, sourds et estropiés guéris… choses merveilleuses par ailleurs ; elle dépasse de très loin cela : c’est l’enjeu de faire entrer l’humanité dans l’accueil du don de la vie éternelle qui est une vie de Dieu en elle, de telle sorte que Dieu soit tout en tous. C’est ce que perçoivent les saints de toute époque : Dieu veut demeurer en nous, et c’est ce que l’homme, au tréfonds de son être aspire, conscient ou pas. Le curé d’Ars disait justement cela : « la vraie patrie de l’homme n’est pas sur terre mais au ciel. » Le temps de l’Avent nous est donné pour préparer nos coeurs à l’avènement du Christ dans notre vie de chaque jour. Noël, c’est aussi la crèche dans nos coeurs, car la crèche de Bethléem est en vue de la crèche de nos coeurs. La Vierge Marie est bien celle qui s’est le mieux préparé à cet avénement, comme Jean le Baptiste est celui qui a le mieux préparé ses contemporains pour accueillir celui qui vient, qui est plus grand que lui. En ce sens, la mission de Marie a précédé celle de Jean, en l’enfantant dans son coeur avant de l’enfanter dans la chair, mais aussi elle est celle qui reçoit cette mission au cours des siècles de conduire par sa maternité les coeurs pour chacun des hommes « Femme, voici ton fils » (Jn 19,26) à la source du salut : à la Croix, là où se révèle le mystère ineffable de l’amour de Dieu pour l’humanité rachetée et sauvée.

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