L’édito de la semaine, le 10 Décembre 2023

Commentaire de l’Evangile du Jour (10 Décembre 2023, 2ème dimanche de l’Avent) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. » (Mc 1,8) proclame Jean le Baptiste. Autrement dit, Jean le Baptiste annonce que le Christ, qui vient, ne se contente pas de purifier, de laver la créature souillée par le péché. Il fait plus que cela : il régénère, il lui donne vie nouvelle. Mieux, il l’a recréée dans l’Esprit Saint, dans son amour livré sur le bois de la Croix. Il y a une différence fondamentale entre les deux personnages : la mission de Jean, qui n’est qu’homme, sera de préparer les coeurs à accueillir Celui qui seul peut donner vie à ce qui est mort, lui qui est Dieu fait homme. Jean vient préparer les chemins à l’action salvatrice du Christ : « Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin. Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. » (Mc 1, 2-3 citant le prophète Malachie 3,1). Beaucoup pensaient que Jean pouvait être le Messie, tant sa vie était saine et toute donnée à l’oeuvre de Dieu. D’ailleurs, Jésus dira de lui : « Je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne n’est plus grand que Jean. » (Lc 7,28). Seul le baptême de Jésus par Jean dans le Jourdain, permit de connaître Jésus comme le Fils bien-aimé du Père, le Fils de Dieu, Celui en qui le Père trouve sa joie (cf. Mt 3,13-17 ; Mc 1,9-11 ; Lc 3,21-22 ; Jn 1,31-34). Ainsi, Jean est celui qui prépare les coeurs, par l’appel vigoureux à la conversion et par le baptême dans l’eau destiné à susciter l’urgence de la conversion des coeurs. De fait, Celui qui doit venir ne pourra être connu que par les coeurs repentants, autrement dit, ceux qui sont en capacité de s’ouvrir à la grâce de Dieu. Les autres, pharisiens, sadducéens, scribes et grands prêtres, orgueilleux à souhait et imbus de leur personne, seront incapables de discerner Celui qui vient, le prenant pour un blasphémateur et fauteur de troubles, égarant le peuple dans ses croyances : « Ce n’est pas pour une œuvre bonne que nous voulons te lapider, mais c’est pour un blasphème : tu n’es qu’un homme, et tu te fais Dieu. » (Jn 10,33, mais aussi de nombreuses citations bibliques attestent le reproche fait à Jésus : tu es un blasphémateur : Cf. Mt 9,3 ; 26,65 ; Mc 2,7 ; 14,64 ; Lc 5,21 ; Jn 10,36). Effectivement, connaître qui est le Messie, le Christ, demande plus qu’une simple connaissance intellectuelle des Ecritures, dont sont pourvues toutes ces élites bien pensantes, méprisant le peuple moins connaisseur des textes bibliques. Connaître le Christ demande, réclame une capacité à accueillir la grâce de Dieu, autrement dit une connaissance du coeur, fondée sur l’amour de Dieu, qui passe nécessairement par l’humilité, vertu dont l’élite est très dépourvue. Saint Jean, l’Apôtre et Evangéliste, dira dans sa première lettre : « Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. » (1 Jn 4,7-8). C’est donc l’amour de Dieu qui donne la connaissance de Dieu, car connaitre Dieu c’est l’aimer. Or, en méprisant les autres, notamment le peuple, et en étant imbus d’eux-mêmes, faisant valoir leurs connaissances de la Loi mosaïque, ils deviennent imperméables à l’amour de Dieu. Aujourd’hui, comme hier, trop souvent nous faisons reposer toute connaissance sur le seul exercice de l’intelligence. Or, celle-ci sans l’accouplement avec la volonté, autrement dit l’amour, conduit tout simplement à une impasse. Dans ce cas, les hommes s’égarent au gré des modes et fantaisies du moment, handicapant fortement toute disposition du coeur au divin, qui est à proprement parler inconnaissable par la seule raison, mais bien par l’intelligence du coeur, baignée de l’amour de Dieu. Jésus résumera, dans une belle prière à son Père, cette connaissance donnée aux humbles et cachée aux prétendus savants : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » (Mt 11,25). De même, notre Mère du Ciel, la Vierge Marie, n’a-t-elle pas résumée dans le Magnificat ce qu’elle-même vivait dans son coeur : « Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! » (Lc 1,48-49) ? En ce temps de l’Avent, la Vierge Marie nous invite à vivre l’humilité du coeur pour connaître la Sagesse de Dieu, qui n’est qu’amour et miséricorde.

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