Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie à l’abbatiale

Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie

« Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! » (Lc 1,49) s’exclame la Vierge Marie dans son magnificat. Nous fêtons en ce jour la montée au ciel de Marie avec son corps et son âme, faisant d’elle la deuxième personne (mais la première personne humaine) après la personne divine de Jésus à monter au ciel avec son corps et son âme. Jésus est monté au ciel par lui-même, puisqu’il est Dieu. La Vierge Marie est montée au ciel par la puissance divine, ce qui explique la différence des mots utilisés pour exprimer ces deux mystères : l’Ascension, du latin ascendo, veut dire que l’on monte soi-même – Jésus monte au ciel par lui-même ; l’Assomption, qui vient du latin « ad sumere » qui signifie « être transporté vers » – Marie est montée au ciel par la puissance de Dieu. 

L’expression du magnificat est un hymne à la gloire de Dieu, car toute la gloire qu’elle reconnait posséder, le privilège unique d’être la mère du Sauveur, ne vient en aucun cas d’un mérite personnel, mais bien de la grâce divine : « Le Puissant fit pour moi des merveilles. » Le seul mérite qu’elle puisse s’attribuer, c’est d’être l’humble servante du Seigneur, comme elle le dira le jour de l’Annonciation : « Je suis la servante du Seigneur, que tout se fasse pour moi selon ta parole. » (Lc 1,38). Sa volonté est tellement unie à celle de Dieu, qu’elle n’en diffère en rien. C’est ainsi que Dieu n’ayant rencontré aucun obstacle à sa volonté en elle, il put la combler d’un immense privilège pour être la mère du Sauveur. Ce privilège ne l’empêcha pas d’exercer son libre arbitre. Bien au contraire, elle demeura toute sa vie libre devant le mystère, en sorte que sa volonté fut mise à sa pleine contribution pour désirer ce que Dieu seul désire. Ainsi, non seulement elle fut conçue sans le péché originel par grâce spéciale de Dieu, mais aussi toute sa vie, elle n’a commis aucun péché personnel. Sa vie est un mystère d’union avec Dieu, qui ne trouve pas son pareil en quiconque. Sans elle, le mystère de l’Incarnation n’aurait pu avoir lieu, non pas que Dieu ne puisse pas faire sans elle, mais parce que Dieu ne veut pas sauver l’homme malgré lui, sans sa collaboration. Le « Oui » de Marie est le préalable à la réalisation du mystère du salut, don gratuit de Dieu, comme le « oui » de chacun est nécessaire pour connaître le salut, pour accueillir le don gratuit du salut que Dieu accorde à toute âme de bonne volonté, pour laquelle il a, en son Fils bien-aimé, donné sa vie. 

« Le Puissant fit pour moi des merveilles. » est ainsi la réponse authentique du chrétien, qui voit en Dieu son bonheur et sa joie, contrairement à ce que put instiguer le diable dans le coeur d’Adam et Eve, les poussant à penser que Dieu était un obstacle à leur bonheur. Le mensonge a suscité dans leur coeur le désir de se passer de Dieu pour acquérir un bonheur sans lui, comme si cela pouvait exister. La Vierge Marie, au contraire, pétrie dans son coeur de la vérité de Dieu, avait discerné, d’une acuité sans faille, que le bonheur et la joie authentique sont tout un avec Dieu. Ainsi en cherchant Dieu, elle cherche le bonheur et la joie. En cherchant à réaliser sa pleine volonté, elle trouve ce que son coeur réclame, l’amour pour lequel elle a été créée. Le péché est né du mensonge et de l’orgueil, la grâce découle de Celui qui est vérité et est donnée aux humbles ; elle est le fruit de l’Amour. La vie de la Vierge Marie est un mystère d’amour avec Dieu, elle est aussi une école d’amour avec Dieu pour chacun de nous. Son aide maternelle est pour nous précieuse, car non seulement son exemple est un don pour chacun de nous, mais aussi sa maternité, fruit du don de Dieu à la Croix : « Femme, voici ton Fils » (Jn 19,26) constitue pour nous le plus court chemin pour aller à Jésus, comme se plaisait à le dire le célèbre saint, dévot de la Vierge Marie, saint Louis Marie Grignon de Montfort.

Abbé Thierry Delumeau

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