Solennité de la Toussaint à l’Abbatiale

Solennité de la Toussaint – année C 

1er Novembre  2016

« Ceux-là viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. » (Ap 7, 14) 

Cela peut paraître bien curieux de blanchir des robes dans le sang. Avec la couleur du sang, naturellement, le blanc ne peut que laisser place au rouge.

Comment comprendre cela ?

L’Apocalypse de St Jean nous révèle quelque chose de précieux pour saisir ce qu’est la sainteté : On ne devient pas saint à la force du poignet, on ne devient pas saint par nous-mêmes, à force d’efforts surhumains ou bien doté de qualités exceptionnelles réservées à une certaine élite, excluant la plupart des hommes. Non, la sainteté vient du «sang de l’Agneau», c’est-à-dire du Christ qui donne sa vie sur la Croix, qui verse son sang, le sang qui signifie le don de son âme, de son amour miséricordieux. C’est lui qui lave nos péchés, qui nous purifie, qui sanctifie nos âmes, et nous revêt du vêtement blanc de la vie éternelle, de la purification de nos péchés, de l’amour infini de notre Dieu, de la résurrection d’entre les morts. Le vêtement blanc est la robe du baptême, la robe du saint, parce qu’elle est la robe du Christ ressuscité, le Fils de Dieu qui a vaincu la mort dans sa mort par le don de sa vie, fruit de son amour miséricordieux. C’est lui qui vient «de la grande épreuve», lui qui a enduré le poids des péchés de tous les hommes, lui qui blanchit par son sang nos cœurs, nos robes de son amour miséricordieux.

Ainsi, le travail de la sainteté ne vient pas de nous, mais du Christ. Cependant, comment comprendre : ils ont lavé leurs robes ? Apparemment, ils paraissent agir, ils ne sont pas passifs. De fait, il incombe un travail pour chacun d’entre nous : vivre selon la volonté de Dieu. Cela passe par l’exercice des vertus théologales, c’est-à-dire la foi, l’espérance et la charité, autrement dit croire et vivre selon les commandements du Seigneur qui se résument par : «aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa force et aimer son prochain comme soi-même» (Mc 12,33). Dieu ne peut nous sanctifier malgré nous, car il ne peut s’imposer à notre volonté. L’amour auquel nous sommes appelés réclame de nous une collaboration à la grâce qu’il nous donne, une ouverture de notre cœur pour que lui-même puisse marquer nos fronts du sceau des serviteurs de Dieu, c’est-à-dire de son amour miséricordieux vivant en nous. Comme le dit saint Jean, «Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est. Et quiconque met en lui une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur.» (1 Jn 3, 2-3)

Bonne semaine à tous et bonne fête de Toussaint.

Abbé Thierry Delumeau

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