Solennité de la Toussaint

« Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse,
car votre récompense est grande dans les cieux !» (Mt 5, 12)

La Toussaint est la fête de tous les saints, de tous ceux qui nous ont précédés et qui sont dans la gloire de Dieu. C’est la grande joie, car, comme le dit l’Apocalypse, « Ils sont une foule immense que nul ne pouvait dénombrer. Ils sont vêtus de robes blanches avec des palmes à la main et se tiennent debout devant le trône et devant l’Agneau ; ils viennent de la grande épreuve, ils ont lavé leurs robes, les ont blanchies par le sang de l’Agneau. » Les saints sont vêtus de la robe du baptême, et c’est le sang du Christ qui a blanchi leur robe, c’est à dire, c’est le sang du Christ qui leur a donné le salut de contempler la gloire de Dieu. Bien que le sang ne donne pas au lavage la blancheur du vêtement, celui du Christ donne néanmoins la blancheur de l’âme, c’est-à-dire la pureté, la résurrection, la vie éternelle à l’âme qui accueille le don de l’amour de Dieu. Le sang versé du Christ, c’est l’amour déversé sur le monde, c’est le triomphe de l’amour sur le péché lequel cause la mort. Le Christ a vaincu à sa racine la mort en donnant vie à ceux qui ont « blanchi leur robe par le sang de l’Agneau », c’est à dire à ceux qui ont accueilli son amour miséricordieux.

Ainsi, la sainteté est un don de Dieu, non pas un exploit sportif de l’ascèse ou de la souffrance. Cependant pour accueillir ce don de Dieu, il faut « venir de la grande épreuve » ; il faut accueillir la volonté de Dieu qui passe toujours par un renoncement à sa volonté. Lui-même a renoncé à sa vie pour la donner. Il va jusqu’à laisser un commandement nouveau, qui devient en quelque sorte révolutionnaire : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. » Ce commandement peut devenir très difficile, même héroïque car il conduit aussi à aimer non seulement ses amis, mais aussi ses ennemis. Il n’est donc pas étonnant que Jésus puisse dire : « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. »

En tant que chrétiens, nous devons tendre à faire de notre vie un hymne à l’amour, jusqu’à aimer au point de donner notre vie. Ne l’oublions pas, Jésus a dit lui- même : « que l’on reconnaîtra que vous êtes mes amis à l’amour que vous aurez les uns pour les autres. »

La Vierge Marie a reçu cette mission particulière d’aimer tous les hommes comme des fils : « femme voici ton fils », et cela ne n’arrêtait pas à saint Jean, mais concernait bien tous les hommes, y compris les bourreaux qui ont flagellé, couronné, frappé, insulté, méprisé son Fils bien aimé.

La sainteté, c’est le don de Dieu, qui nous conduit, avec la grâce, à aimer de la mesure de Dieu. Il ne peut y avoir de place à la haine, à la vengeance, aux mépris, aux calomnies et médisances, à la jalousie et refus de pardon, à de quelconques froideurs de la charité.

Demandons au Seigneur, aidé de la grâce et du secours du Cœur Immaculé de Marie (Marie a dit à Lucie à Fatima le 13 Juin 1017 : Mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu), à faire de nos vies des foyers d’amour, de pardon et de miséricorde.

Abbé Thierry Delumeau

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