Solennité de la Fête-Dieu à l’Abbatiale

Solennité du Corps et du Sang de notre Seigneur Jésus (Fête-Dieu)

« Le pain se change en son corps, le vin devient son sang. » Séquence

« Il est grand le mystère de la foi » dit le prêtre juste après la consécration. Effectivement, c’est un grand mystère. Ce que nos yeux, notre nez, nos papilles ne peuvent voir, sentir, goûter et toucher, la foi seule le peut. Seule, la foi permet de connaître que ce n’est plus le pain mais le Corps de Jésus, que ce n’est plus le vin mais le Sang de Jésus. C’est un mystère, car le Corps et le Sang de Jésus sont donnés par le Seigneur pour nourrir notre foi et non notre corps. C’est un aliment spirituel pour grandir dans la sainteté, pour laisser grandir Dieu dans notre cœur. On ne peut connaître Dieu ici-bas par nos sens, c’est-à-dire par nos yeux, nos oreilles… On peut le connaître seulement en accueillant dans notre cœur la Parole de Vérité, que Dieu donne dans la Révélation divine transmise au cours des siècles par la Tradition vivante, les Saintes Écritures, le Magistère de l’Église, assisté de l’Esprit Saint.

De même, seule la Parole du Seigneur ; « Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang » permet de connaître que le pain et le vin ont laissé place au Corps et au Sang du Seigneur, tout en gardant les propriétés physiques, naturelles que nos sens peuvent appréhender du pain et du vin. Ainsi, si des techniciens d’un laboratoire analysent les propriétés du Corps et du Sang du Christ, ils ne verront aucun changement, tout comme nos sens. En revanche, notre foi nous dira qu’il y a bien un changement radical de l’ÊTRE du pain en Corps du Seigneur et de l’ÊTRE du vin en Sang du Seigneur : « Ceci EST (verbe être) mon Corps, ceci EST mon Sang ». Seul l’ÊTRE change et non pas le paraître. On appelle ce changement : « transsubstantiation ». Il est unique, il concerne seulement le mystère de « la Présence Réelle ».

Ne soyons pas surpris de ce grand mystère car il faut bien comprendre que Jésus veut demeurer dans nos cœurs. Il veut les habiter de sa présence pour les transformer, pour nous sanctifier, nous faire partager sa vie, nous agréger peu à peu à son Corps qu’est la Sainte Église. Aussi, il nous faut privilégier ce temps de l’Eucharistie dans nos vies. L’Église demande aux chrétiens de participer à l’Eucharistie chaque dimanche et jours de grandes fêtes, car notre âme a besoin d’être nourrie régulièrement de l’amour du Seigneur. Si l’on vous pose la question : « Pourquoi vas-tu à la messe le dimanche ? » La réponse : « Pour nourrir mon cœur de l’Aliment de vie éternelle qu’est le Seigneur, car je ne peux pas vivre sans le Seigneur. »

Tant de chrétiens, au cours des siècles, ont risqué, ont donné leur vie parce qu’ils participaient à la messe du dimanche. Nul n’est tenu à l’impossible, mais si ce n’est pas le cas, comment pourrions-nous dire au Seigneur, « Je suis désolé, Seigneur, mais je n’ai pas le temps, ou encore je suis trop fatigué, ou bien j’ai encore quelque chose de plus important à faire ». Ne me dira-t-il pas : « Cela compte-t-il si peu pour toi que j’ai donné ma vie sur la Croix afin que tu puisses vivre éternellement avec moi dans mon amour ? Mon amour est-il si peu important pour que tu puisses le prendre avec légèreté ? »

Chers chrétiens, l’Eucharistie est un trésor donné gracieusement par le Seigneur, le plus beau cadeau qu’il puisse nous faire avec le baptême. Il faut nourrir dimanche après dimanche cette fidélité inlassable car n’en doutons point le véritable amour se fait dans cette rencontre fidèleque le Seigneur a voulu pour nous et que rien ne peut remplacer. Parfois, me dit-on, « Je n’ai pas besoin de la messe du dimanche pour prier le Seigneur. » Jésus nous répond « mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement (1 Jn 2-17) ou encore : « Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, et ma mère. » (Mc 3,35). Et la volonté de Dieu, c’est que nous vivions des sacrements : « Celui qui mange ma Chair et qui boit mon Sang a la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour. » (Jn 6,54).

Demandons à la Vierge Marie de pouvoir nous approcher de l’Eucharistie avec un cœur plein d’amour pour Celui qui donne sa vie pour nous.

Abbé Thierry Delumeau

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