Messe de baptême de promotion à l’Abbatiale

UN BAPTÊME DE PROMOTION A L’ABBATIALE

L’Ecole nationale des Sous-officiers d’Active de Saint-Maixent l’Ecole forme quasiment tous les sous-officiers de l’Armée de terre qui sont déployés dans les régiments ou les bases de défense, en France, en territoire d’Outre-mer ou encore en opérations extérieures (OPEX), comme le Mali par exemple, et intérieures, comme Sentinelle ou Vigipirate.

Il existe deux sources principales de recrutement, les élèves sous-officiers directs – jeunes bacheliers qui viennent du milieu civil – et les élèves sous-officiers semi-directs – qui sont issus du corps des militaires du rang, déjà en régiment depuis au moins trois ans-.

Pour ces incorporations, l’Ecoles comporte 5 bataillons, comprenant chacun 2 compagnies qui sont composées de 5 à 6 sections chacune. Une section compte 30 individus, âgés de 18 à 27 ans, filles et garçons (les filles représentant en moyenne entre 10 et 15% des incorporés).

Chaque bataillon s’occupe donc d’une promotion pouvant aller jusqu’à près de 400 jeunes, au départ. Toutes les promotions reçoivent un nom de parrain. Un parrain est un sous-officier dont le parcours édifiant a marqué l’histoire militaire dans un passé plus ou moins récent.

Les 27 et 28 février derniers, la promotion du 3ème bataillon d’élèves sous-officiers de recrutement semi-direct avait reçu comme nom de parrain de baptême, celui de l’adjudant-chef Hubert LAME, issu de l’Infanterie coloniale, décédé à 87 ans après une carrière militaire exemplaire qui lui a valu le titre de grand Officier de la Légion d’Honneur, tout en étant titulaire de la Médaille militaire, de la Croix de Guerre 39-45, de la Croix du combattant, de la médaille des blessés et de bien d ‘autres distinctions.

La cérémonie de baptême se divise en deux parties. Il y a, d’abord, la veille, un hommage religieux lors d’une Messe du Souvenir et de Tradition, avec toute la promotion rassemblée à l’abbatiale de Saint-Maixent, en présence de la famille et des compagnons d’armes du parrain, des autorités militaires, des cadres du bataillon et des paroissiens qui le souhaitent. Sont invités à cette célébration les aumôniers des autres cultes, mais pour ce cas précis, ils étaient en OPEX. Le lendemain, une cérémonie militaire se déroule, avec remise à chaque élève de l’insigne marquant l’histoire du parrain dont la carrière militaire est évoquée à ce moment-là.

Cette fois-ci, notre nouvel Evêque aux Armées, Mgr Antoine de Romanet, nous a fait l’honneur de sa venue. Il a présidé la cérémonie eucharistique, en présence du père Thierry, le curé de la paroisse – qui a bien voulu autoriser cette messe qui certifie encore et toujours le lien étroit unissant nos militaires et la paroisse -, et de votre humble serviteur, le Padré de la garnison.

Par la simplicité bienveillante des paroles de son homélie, l’évêque aux Armées a pu toucher le cœur de ceux qui étaient les plus éloignés de l’Eglise. Sans doute, chacun a pu retenir son évocation de la main et de ses cinq doigts pouvant servir à donner du sens à sa vie, le premier pour un « Notre Père », le deuxième pour un « merci » à donner, le troisième pour un « pardon » à donner ou recevoir, le quatrième pour une « demande » car on n’a tous besoin de quelque chose, et le dernier pour un « je vous salue Marie ». L’évêque a souligné le fait que si les uns ou les autres ne connaissaient pas les prières, ils pouvaient aller voir le Padré… Il évoqua aussi les vertus du parrain de promotion que l’on doit retrouver en chacun de nous et qui sont le sens du service, l’abnégation, le respect de la fraternité, le désir de toujours faire mieux, et d’autres encore qui font de cet homme un modèle et un exemple pour les jeunes qui le reçoivent en héritage militaire.

Cette belle célébration animée à l’orgue par l’indéfectible Bernadette, et ponctuée de chants que les élèves avaient répétés auparavant, permit à chacun de prendre conscience de l’obligation respectueuse qui doit colorer la fraternité militaire qui ne pleure pas ses morts mais les honore. C’est cette démarche communautaire qui fait que la subjectivité de chacun est appelée à laisser place à la tradition et à la grandeur de croire que l’on sert une cause plus grande que soi au lieu de se servir d’elle à ses propres fins.

Durant cette cérémonie, l’adjudant Marc a reçu « l’appel décisif » en vue de recevoir le baptême, la communion et la confirmation lors du prochain PMI (Pèlerinage Militaire International à Lourdes). Marc est chef de section dans cette promotion, ce qui a permis à chacun de voir que le cheminement vers le Christ est possible à tout âge et pour tous. J’ai souhaité que le cadre de cette messe soit le moment privilégié de cette démarche que ce catéchumène a commencée lors d’un séjour en Afghanistan. Marc est marié et a trois enfants, dont Lucas, 13 ans qui fera sa confirmation et Marie-Anne, sa fille encore bébé, qui sera baptisée avec son père, par les mains de Mgr de Romanet.

Après cette belle messe, le Général commandant l’ENSOA et son épouse nous recevaient à dîner, l’évêque, le père Thierry et moi-même, et nous avons pu, encore une fois, souligner les liens chaleureux qui unissent la communauté militaire et la communauté paroissiale.

Le lendemain, Mgr de Romanet était l’invité d’honneur de la cérémonie militaire qui se déroula en plein vent glacial que je n’avais encore jamais vu ici. Ce moment solennel s’est conclu par un repas festif où notre évêque a pu discuter avec les uns et les autres, élèves et cadres, de ce qui fait leur vie et leur mission ici.

A l’issue de la cérémonie militaire de la fin de matinée et le repas qui a suivi, j’ai souhaité que tous ceux qui se préparent à recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne qu’ils recevront à Lourdes puissent rencontrer leur évêque. Outre Marc, son bébé et son fils Lucas, il y avait donc Mathilde, Sonia et Sarah de la famille de Carlos qui a reçu lui-même, l’an passé, communion et confirmation, et Samuel. Ce partage, fort apprécié de l’évêque et des participants, a permis un échange « catéchuménal » très profond et utile.

En fin d’après-midi, l’évêque étant attendu à Saintes pour une autre visite pastorale, je l’ai accompagné jusqu’à la Base aérienne, sous la neige… mais ça c’est une autre histoire…

En guise de conclusion, je tiens encore à remercier très fraternellement le père Thierry pour son accueil sans faille qu’il réserve à ces messes de baptême de promotion auxquelles, bien entendu, les paroissiens de Saint-Maixent l’Ecole, qui sont chez eux à l’abbatiale, peuvent assister pour s’unir à la prière au profit de tous ces jeunes qui choisissent de servir la France, jusqu’à parfois donner leur vie en ce sens. Il n’existe donc qu’une seule et même communauté, celle des priants qui se tournent ensemble vers le Père commun qui nous a tous voulu par amour pour sa plus grande gloire. Père Jean-

Yves DUCOURNEAU, aumônier de l’ENSOA

Découvrez aussi...