L’édito de la semaine, le 9 Octobre 2022

Commentaire de l’Evangile du Jour (9 Octobre 2022, 28ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. » (Lc 17,18-19) dit Jésus. Ceux qui auraient dû remercier en priorité le Christ ne l’ont pas fait. En revanche, le samaritain, considéré comme un hérétique, lui, revient sur ses pas pour rendre grâce et remercier Jésus. De fait, il ne pouvait pas accorder autant de pouvoir à l’institution des prêtres pour sa guérison, puisqu’il est considéré comme un hérétique par ceux-là mêmes qui auraient dû constater sa guérison. Une fois guéris, les autres continuèrent leur chemin, sans voir que celui qui leur a ordonné d’aller voir les prêtres est bien le Messie tant attendu. 

On voit régulièrement dans l’Évangile que ceux qui devraient se convertir ne le font pas et ceux qui en sont loin se convertissent. Cela semble paradoxal. Nous pouvons faire le constat suivant : la reconnaissance du Messie ne se fait pas à l’aune de la connaissance intellectuelle de la Sainte Ecriture, qui annonce sa venue, car les pharisiens, les sadducéens, les chefs des prêtres et les scribes, auraient dû se convertir à l’avènement du Christ, mais ils ne l’ont pas fait. Or, les étrangers, comme le samaritain de l’Evangile, les publicains et les prostituées, à la vue du Christ, à sa parole et des miracles qu’il opère, se convertissent. C’est bien la confiance accordée à la parole de Jésus qui entraîne la conversion et non la seule connaissance des Écritures. La foi n’est donc pas le fruit d’une connaissance (gnosis en grec, qu’on transcrit par gnose en français, nom donné aux courants spirituels qui affirment que le salut se fait par la connaissance), mais bien par l’action de l’Esprit Saint dans un cœur qui s’ouvre à la grâce, autrement dit par un don de Dieu. Trop souvent, nous faisons reposer notre foi sur nos propres connaissances, nos mérites, sur nous-mêmes ; ce qui conduit inexorablement à une dureté de coeur, à un manque conséquent de charité car l’orgueil prend le dessus et l’humilité s’estompe. Or, lorsque l’humilité est absente, c’est l’orgueil qui est présent et là où il n’y a pas d’humilité et donc de l’orgueil, il n’y a pas de charité, et là où la charité fait défaut il n’y a pas Dieu. La conséquence en est un aveuglement et un endurcissement tels que la simple raison éclairée par la foi confond de ridicule la sagesse orgueilleuse des prétentieux et des suffisants, qui se suffisent à eux-mêmes. L’Evangile ne montre-t-il pas, maintes fois, que les pharisiens et les saducéens ne savent que répondre à Jésus, qui déjoue leur ruse malveillante ? Dieu ne peut être qu’éloigné de ces derniers, puisqu’ils ne recherchent pas sa volonté, mais qu’eux-mêmes. Devant l’instant suprême, le mystère de la Croix, ces messieurs, les pharisiens, auraient dû être saisis par ce qui toucha un païen, le centurion romain. Ce dernier est le premier de tout l’Evangile à manifester clairement après la mort de Jésus que celui-ci était le Fils de Dieu. Au contraire, l’élite du peuple élu ricane et se moque devant celui qu’Isaïe avait annoncé, prophétisé, en la personne du serviteur souffrant. Comme le dit saint Jean, dans le Proloque de son Evangile : « Il est venu chez les siens et ne l’ont pas reçu. » (Jn 1,11), car finalement, par leur aveuglement volontaire, ils ne l’ont pas reconnu.

Souvent, nous, les chrétiens de longue haleine, ne sommes-nous pas secoués par les convertis, à la foi vive et rayonnante, certes encore bien fragile, mais ô combien pleine d’allant, qui ne manquent pas d’être étonnés de notre affadissement, notre tiédeur et surtout du peu de charité que nous pouvons parfois manifester ? Ne l’oublions pas, les reproches acerbes de Jésus, dans l’Evangile, ne s’adressent pas qu’aux seuls pharisiens, sadducéens, chefs des prêtres et scribes. Ils s’adressent aussi à nous, aujourd’hui, d’autant plus que nous avons encore moins de raison que l’élite du peuple de Dieu de l’époque de ne pas nous convertir. Nous avons donc tous à prendre très au sérieux l’Evangile, qui est la parole que Dieu nous adresse aujourd’hui à chacun pour retrouver la jeunesse de la foi, celle qui transforme les coeurs et les nourrit en profondeur.

En cela, la Vierge Marie et les saints sont des exemples vivants, de toute époque, qui rappellent l’éternelle jeunesse de l’Evangile et l’appel pressant de Jésus de nous laisser convertir par sa Parole.

En ce dimanche 9 Octobre, à l’abbatiale, 17 jeunes vont recevoir le sacrement de la confirmation. Prions pour eux, qu’ils puissent garder leur coeur ouvert devant la majesté et la grandeur de la Parole de Dieu, qui parle au plus secret des coeurs généreux et libres. Prions pour que l’Esprit Saint, de sept dons, leur donne le courage et la force du témoignage dans un monde souvent éloigné de l’Evangile.

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