L’édito de la semaine, le 8 Mai 2022

Commentaire de l’Evangile du Jour (8 Mai 2022, 4ème Dimanche de Pâques) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Je leur donne la vie éternelle » (Jn 10,28). C’est la conséquence inouïe de l’amour de Dieu pour l’homme. Dieu ne s’est pas contenté de rétablir l’homme dans sa justice originelle, celle d’avant le péché d’Adam et Eve, qu’ils connaissaient dans le jardin d’Eden. Il ne s’est pas contenté de lui donner un bonheur qui aurait été déjà sans commune mesure avec la vie terrestre que nous connaissons, parsemée d’épreuves de toute sorte. Non, Dieu, dans son amour miséricordieux,  infini pour cette créature que nous sommes, a décidé de donner à l’homme rien de moins que ce qui fait sa vie : son éternité. Autrement dit, il donne à l’homme de vivre de sa vie, de la partager, d’entrer dans le sein de la Sainte Trinité, en vivant la condition filiale, à savoir vivre de l’amour du Père, par le Fils dans l’Esprit Saint. Ce que l’homme ne pouvait imaginer, Dieu l’accomplit dans sa bonté et sa miséricorde. D’ailleurs, comment l’homme aurait-il pu imaginer une telle destinée, qui surpasse tout ce que son intelligence et son imagination peuvent concevoir ou rêver ?

Aussi, une telle destinée pour l’homme a valu pour le Fils de Dieu fait homme un tel sacrifice, un tel amour pour chacune des brebis du troupeau que le Père a donné à son Fils que le prix en est inestimable : celui du prix d’un amour infini. Si l’homme pouvait, ne serait-ce qu’un seul instant, prendre conscience d’une telle immensité, d’une telle profondeur, non seulement il serait dans une telle joie, que rien de la terre ne pourrait rivaliser avec un tel trésor. D’ailleurs toutes les richesses de la terre lui paraitraient d’un tel néant qu’elles ne mériteraient même pas qu’on s’y attarde, mais aussi qu’il serait prêt à subir tous les tourments de la terre pour acquérir une telle richesse. Ainsi, nombre de saints l’ont exprimé aussi bien verbalement qu’en acte, de telle sorte que beaucoup ont fait de la Croix du Seigneur l’échelle du ciel, le podium de la sainteté, le refuge de leur coeur, non pas par une recherche malsaine de la souffrance pour la souffrance, mais bien la recherche d’un amour infiniment miséricordieux, qui exprime toute sa délicatesse et son substrat dans le mystère de la Croix. Saint Jean de la Croix disait : « Si vous avez un vrai désir de trouver et de posséder Jésus-Christ, ne le cherchez jamais sans la croix… Celui qui ne cherche pas la croix de Jésus, ne cherche vraiment pas non plus la gloire de Jésus. » Cette vision de la Croix ne peut se comprendre sans cette découverte de l’amour de Dieu qui n’a pas de prix pour l’homme. Quelqu’un qui donne sa vie pour une personne ne peut laisser insensible celle qui est sauvée. Aimer quelqu’un jusqu’à en mourir après avoir beaucoup souffert ne peut pas laisser de marbre celui qui a été aimé d’un tel prix. 

C’est ce que les saints ont découvert et bien sûr à un niveau inégalable, la Vierge Marie, de sorte que l’amour de Dieu dans leur coeur ne peut que les changer radicalement. C’est ce que Jésus a voulu montrer dans l’Evangile de ce dimanche : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront. » (Jn 10, 27-29). Oui, nous sommes invités à suivre le bon berger, celui donne sa vie pour chacune de ses brebis, celui qui nous appelle à le suivre sur le chemin du ciel que sa Croix a ouvert pour l’éternité. La Vierge Marie et les saints nous précèdent. Ils sont, par leurs prières, nos précieux amis qui nous accompagnent sur ce chemin, qui est le chemin de toute notre vie.

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