L’édito de la semaine, le 7 Novembre 2021

Commentaire de l’Evangile du Jour (7 Novembre 2021, 32ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. » (Mc 12,44) dit Jésus. Ce n’est pas la quantité de la somme qui compte aux yeux de Jésus mais bien la qualité du don. Bien que dérisoires, deux piécettes face à de grosses sommes que déposent les scribes dans le tronc, le fait que la veuve ait pris sur son indigence, et à l’époque une veuve était très souvent dans un état de très grande précarité, elle a tellement donné avec ses deux piécettes que la fortune des riches parait ridicule. Donner quand on a beaucoup, sans que cela ne cause une gêne, est bien peu, face à celui qui ne possédant quasiment rien, dépose trois fois rien dans le tronc ce qui aurait pu lui être utile pour vivre. Comme toujours, ce n’est pas ce qui se voit qui est le plus important, mais ce qu’il y a dans le coeur. Ce moment de l’Evangile, où Jésus observe les riches et la veuve déposer l’argent dans le tronc vient juste après l’enseignement de Jésus sur la méfiance à accorder aux scribes qui aiment se pavaner, se montrer en spectacle, tout en « dévorant les biens des veuves » (Mc 12,40). Ils sont dans l’apparence, aimant se mettre au centre, cherchant à focaliser le regard des autres sur eux. Ils sont superficiels. Tout est le contraire de l’attitude de la veuve, que Jésus aime louer. Son geste, son attitude, sa foi est toute intérieure, ne cherchant pas à se valoriser, à attirer l’attention des autres sur elle, seulement de Dieu, et Dieu seul. 

Cette attitude des uns et des autres dans l’Evangile est profondément révélatrice de la qualité de notre vie spirituelle, de ce qui est central dans notre vie : est-ce Dieu qui est au centre et dont je veux attirer l’attention de sa bienveillante miséricorde à mon égard, ou bien ai-je le besoin d’attirer l’attention des autres pour être valorisé par eux comme une nécessité ? Cela ne veut pas dire que l’on ne peut pas mettre en valeur les autres en les valorisant et que l’on ne recherche pas à faire plaisir en essayant de rechercher l’approbation des autres. Non, c’est un état d’esprit général que Jésus veut pointer du doigt : Est-ce moi qui suis au centre ou bien Dieu et donc aussi le service des frères ? Lorsque Jésus parle des deux commandements qui n’en font qu’un, il centre tout sur l’amour, comme une nécessité, puisque c’est un commandement. Ne donne-t-il pas cette définition de l’amour : « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13) ? Le centre, dans l’amour, n’est plus soi, mais bien Dieu et mon prochain. Il y a donc un radicalisme dans l’enseignement de Jésus, qui donne la charité (l’amour) comme la finalité de notre foi. Je crois en Dieu pour l’aimer et aimer mon prochain comme moi-même. Autrement dit, tous geste et parole ne peuvent être déconnectés de l’amour, de ce qu’il y a dans mon coeur. Tout ce que je fais ou dis ne peut être sans la marque de l’amour, sans quoi elle serait le reflet de mon égo, de ma personne qui veut se mettre au centre. 

La Vierge Marie et les saints, cette multitude que nous venons de célébrer, en ce début du mois de Novembre, sont l’image même de ce que Jésus loue dans l’attitude de la veuve. Ils sont le reflet même du coeur de Jésus, qui ne vit que pour se donner, pour que tous puissent aimer en lui. Telle est la vertu de charité : accueillir l’amour de Dieu pour aimer avec son amour Dieu et mon prochain comme moi-même.

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