L’édito de la semaine, le 5 Novembre 2023

Commentaire de l’Evangile du Jour (5 Novembre 2023, 31ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. » (Mt 23,12) dit Jésus dans l’Evangile de ce dimanche. Là, Jésus se montre extrêmement critique à propos de l’attitude des scribes et des pharisiens. C’est le moins que l’on puisse dire. Il prend soin d’énumérer tous les comportements orgueilleux de ces messieurs, qui ne semblent trouver aucune grâce à ses yeux. Il faut le dire, l’hypocrisie conjuguée à l’orgueil sont leur marque de fabrique. Il y a un tel écart entre ce qu’ils prétendent être et ce qu’ils sont, que cela en devient insupportable aux yeux de Jésus. D’ailleurs, il ne se contentera pas de les critiquer devant les foules et ses disciples. Il s’adressera à eux avec une grande sévérité, qui laisse poindre dans le coeur de Jésus une sainte colère, puisqu’à ses yeux tout semblerait possible de changer de comportements, mais ils ne le veulent pas, au point qu’ils seront ses pires ennemis. Ils cumulent, à la fois, les deux vices, sources de tous les vices, qui touchent de plein fouet les deux facultés spirituelles. De fait, le mensonge, dans le faux semblant et l’hypocrisie, qui atteint l’intelligence et l’orgueil, dans l’outrecuidance, l’arrogance et la suffisance, qui anéantit en eux l’humilité et la charité dans l’exercice de la volonté. Ainsi, orgueilleux et autocentrés sur eux-mêmes, c’est la ruine de toute vie spirituelle. Rien ne les touche, ni l’enseignement de Jésus, ni les miracles opérés. Rien n’y fait ; ils s’enferment et s’endurcissent, de sorte que Jésus ne semble plus avoir d’autre remède qu’une colère exprimée de manière véhémente. Aussi, il ne faut pas en tirer de manière hâtive, que c’est de l’histoire ancienne, que les scribes et les pharisiens n’existent plus. Au contraire, l’Evangile ne cesse de rappeler un constat qui nous touche tous : sommeille en nous le pharisien qui s’endurcit, tout comme le publicain ou la prostituée qui se convertit. De fait, en nous, il y a toujours cette ambivalence, il y a toujours ce hiatus qui habite nos cœurs. On ne peut pas résumer l’Evangile et les paroles de Jésus en prétendant qu’il y a les bons et les méchants, des hommes se distinguant radicalement. Non, c’est dans nos coeurs que coexiste souvent cette contradiction, car nous sommes livrés à mener un combat contre nous-mêmes, au sein de notre coeur, puisque la blessure du péché originel y habite. C’est un appel à la conversion, qui passe nécessairement par l’exercice de la vertu de l’humilité, la première des vertus, celle qui ouvre la porte à toutes les autres. A contrario, le vice qu’est l’orgueil, racine de tous les vices, est l’ennemi le plus redoutable de notre vie spirituelle. L’humilité, mot qui signifie notre condition de créature, (vient étymologiquement du mot « humus », autrement dit la terre), permet à Dieu d’agir par sa grâce pour transformer notre coeur, de sorte qu’il puisse en faire sa demeure, agissant pour le brûler de son amour et ainsi établir son règne. On le comprend, le salut, n’est pas une affaire de mérites ou de perfections humaines, mais bien d’une habitation de Dieu par sa grâce dans les coeurs. 

Les saints, et celle qui les couronne tous, la Vierge Marie, que nous venons tout juste de fêter, ne cessent de montrer, par la multitude de facettes de leur vie, l’oeuvre prodigieuse du salut opérée par Jésus sur le bois de la Croix. Demandons au Seigneur, de découvrir dans notre abaissement, la confiance en celui qui seul peut nous donner ce que notre coeur ne cesse de réclamer : Dieu. Sainte Thérèse d’Avila résume parfaitement ce que seule la Vierge Marie a su vivre pleinement : « Dieu seul suffit. » En trois mots, tout est dit de ce que nous sommes invités à chercher.

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