Commentaire de l’Evangile du Jour (5 Juin 2022, Dimanche de Pentecôte) de l’Abbé Thierry Delumeau :
« Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous. » (Jn 14,15-16). Dix jours après être monté au ciel, Jésus envoie l’Esprit Saint sur les apôtres. L’Eglise commence sa mission. Les apôtres sortent du cénacle, où ils s’étaient tenus pendant les dix jours et annoncent l’Evangile. Ce même jour, 3000 personnes se convertiront en entendant les apôtres annoncer l’Evangile dans leur propre langue maternelle, alors que de nombreuses nations sont représentées parmi elles. Désormais, l’Esprit Saint assiste les apôtres. On peut se poser la question : Comment le Saint Esprit soutient les apôtres et plus généralement les chrétiens dans l’évangélisation et leur vie chrétienne ? La réponse du Christ est sans ambiguïté : « Si vous m’aimez » (Jn 14,15). Là où est l’amour, là est l’Esprit Saint. Et bien sûr, Jésus a donné une définition de l’amour, qui ne cesse de ponctuer l’Evangile de saint Jean : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15,13). A l’image du Christ, le modèle, le seul que le chrétien est invité à pleinement imiter dans sa vie (les saints l’ont fait, bien que de manière imparfaite, la plus parfaite étant la Vierge Marie), le fidèle du Seigneur est appelé à renoncer pour accueillir et se donner. Le dépouillement de la Croix fut nécessaire pour le don de la vie du Christ, lui qui ne cesse de faire la volonté du Père pour tout recevoir de lui : « Amen, amen, je vous le dis : le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. » (Jn 5,19). C’est ainsi que l’on peut comprendre ce que veut dire Jésus : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. » (Jn 14,15). L’amour de Dieu dans le coeur de l’homme ne peut se passer de l’amour du prochain, comme l’amour ne peut être étranger au renoncement de soi pour accueillir l’amour de Dieu et se donner dans l’amour du prochain. Tout cela peut paraître trop beau pour être réalisable, tant l’homme est faible et souvent très centré sur lui-même, d’autant plus dans une société consumériste et hédoniste, mettant l’accent exclusif sur l’accumulation des richesses, des plaisirs, des passions et des émotions. Or, Jésus ne dit-il pas : « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous. » (Jn 14,15-16) ? Si cela reposait sur nos seules forces, cela ressemblerait et serait inéluctablement un voeu pieux. Mais, alors comment Dieu pourrait-il demander à sa créature affaiblie par le péché, qu’il aime plus qu’elle peut s’aimer elle-même, de mettre en pratique un commandement impossible à mettre en œuvre ? L’envoi de l’Esprit Saint est donc la condition même pour que l’homme puisse vivre les commandements du Seigneur. Ne pas compter sur lui, mais seulement sur ses forces est tout simplement téméraire, prétentieux et mensonger, donnant prise à la pensée que l’homme peut se sauver par ses propres mérites. De même, renoncer aux commandements du Seigneur, parce que cela paraît impossible à vivre, c’est manquer de confiance en Dieu. Or, Dieu ne peut rien faire pour nous sans la confiance. Elle est primordiale, car elle est absolument nécessaire pour que Dieu nous soutienne et nous donne part au bonheur éternel. On ne peut pas pester contre Dieu quand tout va mal, si en même temps on ne lui donne pas toute sa confiance. On peut légitimement pester contre quelqu’un qui n’est pas à la hauteur de l’enjeu seulement si on lui avait accordé toute sa confiance. Et lorsque l’on accorde toute sa confiance en Dieu, il ne peut pas ne pas nous montrer que malgré les déboires, les échecs que nous subissons, il nous donne un trésor d’un prix inestimable dépassant de très loin ce que nous pouvons analyser comme malheur que nous subissons. C’est bien sûr un mystère de foi.
En ce dimanche, 23 jeunes professent la foi de leur baptême, ce merveilleux don que Dieu leur fit. Entourons-les de notre prière, témoignons de notre foi, laissons l’Esprit Saint nous saisir de son amour, à l’exemple des saints qui ont pèleriné sur ce chemin ardu. Cette immense famille des enfants de Dieu est en fête en ce jour de Pentecôte. La Vierge Marie nous entoure de sa prière maternelle et nous assiste comme une mère attentive aux petits pas chancelants de son petit enfant, afin que soutenus par sa prière d’intercession nous puissions connaître le bonheur éternel, que déjà sur terre, nous goûtons dans la foi.
