L’édito de la semaine, le 5 Décembre 2021

Commentaire de l’Evangile du Jour (5 Décembre 2021, 2ème dimanche de l’Avent) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. » (Lc 3,4-5) crie Jean Baptiste dans le désert, citant le prophète Isaïe. La mission de Jean le Baptiste est une mission de préparation des coeurs à l’avènement du Christ. Le Messie ne peut venir sans qu’il soit attendu. Ce fut le rôle des prophètes et particulièrement de Jean le Baptiste, le précurseur. La proclamation d’un baptême de conversion et d’un changement des coeurs est la nécessaire préparation pour que le Christ puisse être accueilli dans les coeurs et instaurer son règne. Le fait que Jean le Baptise va au désert pour crier, pour être la voix qui se fait entendre, est le signe même que le prophète demande à tous d’entendre la voix du Seigneur qui appelle. Dans le désert, il y a le dépouillement, le retrait du monde et de ses préoccupations, le silence qui permet d’entendre celui qui parle. Dieu vient parler aux hommes et leur demande de se préparer ; sans préparation des cœurs, il aurait beau venir mais il ne serait pas reçu. D’ailleurs, non pas faute d’avoir crié et proclamé sa venue, saint Jean ne dit-il pas dans le prologue de son Evangile : « Il est venu chez les siens et ils ne l’ont pas reçu. » (Jn 1,11) ? Terrible est le constat : la longue préparation de tout un peuple depuis Abraham, soit environ 1800 ans avant Jésus-Christ, aurait dû donner un peuple à l’attente fiévreuse du Messie, un peuple tout à l’écoute de Jésus accomplissant les Saintes Ecritures, un peuple reconnaissant les traits de celui dont les prophètes n’ont cessé de parler. Or, il n’en fut pas ainsi : il fut pris pour un blasphémateur, un imposteur, jugé comme un criminel pendu sur le bois de la Croix. Son humble naissance à Bethléem connu des bergers et des mages, sa vie cachée à Nazareth pendant 30 ans, sa vie d’itinérance avec pour compagnons des pécheurs et quelques disciples du peuple, sa parole de reproches envers les élites, que sont les docteurs de la loi, pharisiens et scribes ; tout cela a donné un peuple sourd et aveuglé devant le mystère qui s’accomplissait devant eux. L’évidence n’était pas là, tout comme pour notre monde d’aujourd’hui, malgré le témoignage de nombreux martyrs et saints, ne reconnaît toujours pas son Dieu qui l’a visité il y a 2000 ans et qui ne cesse de le visiter par sa grâce. Ce temps de l’Avent est pour nous un temps de préparation, de conversion du coeur. C’est un temps où nous devons prendre au sérieux la visite de Dieu pour notre monde, l’appel d’un Dieu qui s’est fait homme pour que nous puissions partager le bonheur éternel de Dieu. C’est un temps où l’homme est appelé à découvrir que sa finalité ne peut se résumer à améliorer les seules conditions matérielles, mais qu’il doit avant tout privilégier l’exercice de la charité, de l’amour envers son prochain, condition sine qua non d’un amour authentique de Dieu et de la prise de conscience de la réalité du ciel, puisque la charité est la loi éternelle du ciel, celle qui régit les rapports entre tous. C’est précisément la marque de reconnaissance des chrétiens. Jésus n’a-t-il pas dit : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13,35) ? Ce temps de l’Avent est un temps d’écoute de la Parole de Dieu, comme la Vierge Marie n’a cessé de le faire, de telle sorte que son coeur ne pouvait désirer autre chose que l’accomplissement de la volonté divine. A son école, ne laissons pas passer ce temps privilégié pour nous mettre en quête d’accueillir Dieu au coeur de notre vie et de le suivre dans ses commandements. Dieu ne promet pas un bonheur lointain mais bien un bonheur réel fondé sur la quête qu’il a mise en tout homme de celle d’un amour qui le comble, qui comble son âme assoiffée d’amour absolu.

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