L’édito de la semaine, le 4 Décembre 2022

Commentaire de l’Evangile du Jour (4 Décembre 2022, 2ème Dimanche de l’Avent) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Il tient dans sa main la pelle à vanner, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera son grain dans le grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. » (Mt 3,11-12). Les paroles de Jean le Baptiste vont droit au but. Celui, qui vient, séparera le grain de la paille. Il séparera le bon, celui qui écoute et accueille la Parole de Dieu, du mauvais, celui qui rejette le Verbe de Dieu. Le grain, le bon est conduit au grenier, autrement dit au paradis, alors que la paille est jetée dans le feu qui ne s’éteint pas, c’est-à-dire l’enfer. Le tableau est donc dressé. Celui, qui vient, vient donc jeter un feu qui passe au creuset les coeurs, qui purifie, qui sépare. Ce feu purificateur, action de l’Esprit Saint, passe par la conversion : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche… Produisez donc un fruit digne de la conversion. » (Mt 3,2-8). Et Jean le Baptiste n’y va pas par quatre chemins lorsqu’il s’adresse aux pharisiens et sadducéens : « Engeance de vipères ! » (Mt 3,7). Il ne les complimente pas, c’est le moins que l’on puisse dire. Au contraire, « N’allez pas dire en vous-mêmes : ‘Nous avons Abraham pour père’ ; car, je vous le dis : des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu. » (Mt 3,9-10). Il dénonce leur inconduite, leur mondanité, leur incapacité à produire du fruit et discerner les signes des temps. L’abondance de leurs péchés les aveugle. Seule la conversion est à même de changer leur coeur, de faire tomber les écailles de leurs yeux pour entrevoir la volonté divine. C’est le grand drame de l’humanité : s’endormir sur ses péchés et ne pas changer son coeur par la conversion ; c’est-à-dire de privilégier ma volonté à celle de Dieu. Nous sommes là au coeur du mystère du destin de l’homme. Jésus, Dieu fait homme, a réalisé le salut de tout homme en venant dans le monde donner sa vie sur le bois de la Croix. Il a donc mérité pour tout homme quel qu’il soit. Autrement dit, en théorie, il a offert sa vie pour que tous, sans exception, puissent être sauvés. Or, cela ne peut se faire, en pratique et en réalité, qu’à la condition que l’homme accueille le salut, puisque le salut est un mystère d’amour, qui, par essence même, demande en substance la volonté de l’accueillir. Ainsi donc, bien que Jésus ait mérité pour tous, seuls ceux qui veulent bien se convertir, c’est-à-dire épouser la volonté de Dieu, peuvent recevoir ce que Jésus a mérité et ce que notre coeur, au plus profond de lui-même, réclame. Au final, le bon grain dans le grenier, le paradis, le bonheur de la vie éternelle, le fruit de la résurrection, pour faire court : le ciel, n’est autre que de vivre de l’amour de Dieu, n’est autre que de vivre de Dieu, n’est autre que la vie de Dieu en nous, n’est autre qu’une déification ou encore une divinisation de l’homme. Ainsi, ce que le serpent de la Genèse avait proposé : devenir comme des dieux qui connaissent le bien et le mal, est un mensonge mortifère qui vient parasiter la véritable aspiration de l’homme : devenir Dieu, oui mais avec la grâce de Dieu, avec l’amour de Dieu, qui enjoint l’homme à partager son bonheur avec lui et non pas sans lui ou contre lui. 

La Vierge Marie et les saints l’ont expérimenté sur terre dans leur vie de foi, d’espérance et de charité, de telle sorte que leur intelligence éclairée par la Parole de vérité et leur volonté nourrie de l’amour de Dieu leur donnaient de goûter les délices de l’âme comblée par les joies de l’amour divin. Puissions-nous avancer, en ce temps de l’Avent sur le chemin de la conversion pour nous trouver, le jour de Noël, dans la joie spirituelle d’accueillir dans le tréfonds de notre coeur, celui que notre coeur attend.                             

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