L’édito de la semaine, le 31 Octobre 2021

Commentaire de l’Evangile du Jour (31 Octobre 2021 – 31ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Mc 12,31.32). Ces deux commandements n’en font plus qu’un. On ne peut les séparer, car dans la Croix, Jésus les a unis, pour qu’avec la grâce donnée, nous puissions aimer Dieu et nos frères avec son amour. De fait, la Croix est composée de deux poutres : l’une verticale signifiant l’amour de Dieu donné aux hommes et l’autre horizontale portée par la verticale signifiant l’amour des hommes entre eux porté par l’amour de Dieu. Le Christ est à la croisée des deux poutres. C’est lui qui unit les hommes par ses membres, de telle sorte qu’il ne fait plus qu’un avec la Croix. De même, il ne fait plus qu’un avec les hommes. Par son incarnation, il s’est uni à tout homme pour que dans le mystère de la rédemption, avec la grâce donnée, il puisse lui donner le salut, lequel passe nécessairement par le mystère de l’amour. Si Jésus adresse à ses disciples un commandement avec ces deux volets que sont l’amour de Dieu et celui du prochain, c’est que la mise en pratique de ce commandement est nécessaire pour suivre Jésus. Ce n’est pas un conseil, c’est un commandement. Autrement dit, nous ne pouvons être disciples du Christ si ce commandement n’est pas au coeur de notre vie. Lorsque Jésus, dit : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Mt 16,24), c’est précisément se mettre en quête de vivre le commandement en accueillant l’amour du Christ pour aimer Dieu et notre prochain. Or, cela ne se fait pas sans renoncement comme Jésus le dit lui-même dans l’Evangile et comme lui-même l’a vécu dans sa Croix en renonçant à sa vie. C’est d’ailleurs la première démarche : on ne peut pas accueillir sans commencer par renoncer. On ne peut pas faire de la place à quelqu’un si l’on ne commence pas par céder de notre place. On ne peut pas aimer, sans que cela coûte, sans que cela demande de renoncer à sa volonté propre. Trop souvent, dans notre société individualiste, l’amour est considéré comme un sentiment, qui me procure joie et bonheur, alors qu’avant tout, l’amour est un acte de la volonté qui me conduit à accueillir et à me donner à l’autre. C’est pourquoi, il rime avec engagement, avec commandement, puisque c’est la volonté et non pas les seuls sentiments qui sont concernés. Il rime avec la Croix, car le péché a entraîné en l’homme la coupure d’amour avec Dieu et son prochain, pour mettre en avant la satisfaction personnelle des biens, plaisirs, sentiments et émotions avant tout don de soi. La Croix est devenue non seulement le mystère du salut, ce qu’il est en premier lieu, mais il est devenu un modèle pour réapprendre à aimer, car il met en avant le renoncement  à sa volonté propre. Lui-même, Jésus n’a-t-il pas dit : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. » (Mt 26,39) La Vierge Marie, n’a-t-elle pas dit à l’ange Gabriel : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » (Lc 1,38) ? La  Croix est donc le mystère même de l’amour de Dieu qui vient à la rencontre de l’homme pour lui proposer d’accueillir son amour après avoir renoncé à sa volonté, afin de laisser Dieu aimer en lui. Comme le dit saint Jean : « Quant à nous, nous aimons parce que Dieu lui-même nous a aimés le premier. » (1Jn 4,19). Aussi, saint Jean est tout aussi explicite sur l’amour du prochain que l’on ne peut pas omettre pour aucune raison sinon se retrouver ennemi de Dieu : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. » (1Jn 4,20-21). Cet engagement à aimer Dieu et son prochain est le combat de toute une vie. Ce fut celle des saints. C’est l’appel que Jésus nous adresse à tous pour connaître le bonheur éternel auquel notre coeur aspire.

Découvrez aussi...