L’édito de la semaine, le 31 Juillet 2022

Commentaire de l’Evangile du Jour (31 Juillet 2022 18ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. » (Lc 18,21). Incontestablement, les biens de ce monde n’ont pas la cote auprès de Jésus, même lorsqu’il s’agit de partager. A la réponse à la demande de l’homme à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. » (Lc 18,13), il finit par répondre : « Gardez-vous bien de toute avidité » (Lc 18,14). Il y a comme une incompatibilité entre la recherche de la possession des biens de ce monde et celle des biens du ciel. L’un finit par conduire à repousser l’autre, et dans ce domaine, on ne peut pas les mettre sur le même pied d’égalité. Pour un chrétien, il n’y a même pas à réfléchir. La recherche avide des biens de ce monde est néfaste à sa vie spirituelle, car ils conduisent toujours à l’esclavage de l’âme du fidèle, laquelle, ligotée, est conduite à ne plus désirer les biens du ciel. Si Jésus, sans détour, affirme promptement la ruine que cause la recherche avide des biens terrestres, c’est qu’il en connaît les conséquences. Le jeune homme riche de l’Evangile en est le plus illustre exemple, au point d’affirmer : « Amen, je vous le dis : un riche entrera difficilement dans le royaume des Cieux. » (Mt 19,23), plus encore déconcertant : « il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux. » (Mt 19,24). Je vous laisse imaginer la tête des apôtres face à une telle réponse. Aussi, saint Paul n’a-t-il pas dit : « Car la racine de tous les maux, c’est l’amour de l’argent. Pour s’y être attachés, certains se sont égarés loin de la foi et se sont infligés à eux-mêmes des tourments sans nombre. » (1Tm 6,10) ? Alors faut-il renoncer à tous ses biens, n’avoir plus rien du tout pour être conforme à la demande de Jésus ? Non, il ne s’agit pas tant de la valeur de son compte en banque ou de son patrimoine, que l’affect, l’attachement que l’on a, que l’on éprouve, pour les biens de la terre, de sorte que certains, riches de biens terrestres, mais détachés de tout, ont un coeur de pauvre, alors que d’autres, pauvres de tout mais très attachés au peu qu’ils ont, ont un comportement de riche. Ainsi, ce ne sont pas les biens en tant que tels qui posent problème, mais plutôt l’attachement désordonné à nos biens qui est le vrai problème. Comme toujours, le péché n’est pas dans l’avoir ou pas des biens de ce monde, mais ce qui se passe dans mon coeur à leur encontre. Si la vraie richesse est Dieu, alors il doit avoir la première place dans ma vie et ce n’est pas une question de vocation, autrement dit ce n’est pas réservé aux curés et religieuses, mais bien à chacun, qui est invité par Dieu à lui réserver la première place, à l’honorer, à l’adorer, à s’offrir à lui, à le mettre au centre de sa vie, certes, chacun selon les modalités propre de son état de vie. Quel homme conscient de posséder un trésor ne chercherait-t-il pas à faire tout son possible pour le conserver et le faire fructifier ? Eh bien, depuis le jour de notre baptême, nous avons un trésor, qui n’est rien moins que Dieu lui-même, lequel se donne à profusion, autant que nous lui donnons la capacité de l’accueillir et il semble nous dire à chaque instant : « Je suis là, dans ton coeur, pourquoi ne me cherches-tu pas, mais cours-tu avec tant d’avidité et de frénésie vers des biens qui ne sont appelés qu’à devenir un jour poussière ? Il faut nous le dire souvent, pour que nous puissions prendre conscience que dans nos vies nous avons besoin de retrouver l’essentiel. L’été, qui pour beaucoup est un temps de ressourcement, en est l’occasion. La Vierge Marie et la multitude des saints sont de vrais modèles incarnés pour nous. Ils ont tous en commun, quel que soit leur état de vie, d’avoir mis Dieu au centre de leur vie.

Bel été à tous.

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