L’édito de la semaine, le 30 Janvier 2022

Commentaire de l’Evangile du Jour (30 Janvier 2022, 4ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

«  Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays. » (Lc 4,24) dit Jésus. Comme nous l’avons vu dimanche dernier, de retour au pays, Jésus entre dans la synagogue de Nazareth et lit le passage d’Isaïe, à propos de l’oint du Seigneur (celui qui a reçu l’onction, le Messie, le Christ), qui, bien sûr, le concerne. Tous ont les yeux fixés sur lui. La réputation de faiseur de miracles le précède. Tous ont entendu le récit de malades remis debout et de possédés délivrés des démons par l’action de Jésus. Et voilà qu’après la lecture, il dit : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. » (Lc 4,21). Autrement dit, ce que tous ont entendu parler de ce qu’il a fait ailleurs est le signe même de ce que la parole d’Isaïe annonce : c’est bien Jésus l’oint du Seigneur, c’est lui le Christ, le Messie, tant attendu, annoncé depuis de nombreux siècles par les prophètes, promesse que Dieu a donnée à son peuple. 

Or, le problème, c’est que tous pensent connaître cet homme : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » (Lc 4,22), de telle sorte que tous réclament des preuves, une démonstration de son pouvoir, afin de bien l’authentifier. Autrement dit, comment être véritablement sûr ? Jésus, connaissant ce que leur cœur ressent, ne peut que leur répondre : « Sûrement vous allez me citer le dicton : “Médecin, guéris-toi toi-même”, et me dire : “Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm ; fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !” » (Lc 4,23). Ainsi, on lui dit en quelque sorte : « Fais des miracles ! Alors nous pourrons croire en ta parole, car pour l’instant nous te connaissons comme le fils de Joseph, l’enfant du pays, pas comme celui qui est le Messie que nous attendons tous. » Mais la réponse de Jésus fait mal, très mal : «  Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays. En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère… » (Lc 4,24-26). Là, la fureur va grandir dans le coeur des nazaréens qui n’auront d’autre issue que d’en vouloir à sa vie. Et, nous ne sommes qu’au début de la vie publique de Jésus. On ne peut pas dire que cela commence bien. En effet, l’hostilité envers lui va naître et croître dans le coeur des hébreux, surtout l’élite que sont les pharisiens, chefs des prêtres et scribes.

Cet épisode de l’Evangile est pour nous riche d’enseignement. En effet, l’erreur magistrale des nazaréens est de penser qu’ils connaissent Jésus et donc que la venue du Messie, sa personne, seront parfaitement identifiables, ne laissant pas de doute. Autrement dit, cela conduit à penser que la seule raison suffira pour le reconnaître, car pour eux le Messie ne peut être qu’un homme, certes de la trempe de Moïse ou de David, mais qu’un homme et sûrement pas le Dieu fait homme. Or, il s’agit précisément de cela : du Dieu fait homme, soit un mystère insondable, inimaginable pour le coeur de l’homme, qui, sans une pleine révélation de Dieu, ne peut être connue de lui. Aussi, la révélation de la venue du Messie a commencé avec les prophètes ce que retransmettent les Saintes Écritures. Cela se poursuit avec Jésus par les paroles et les actes qu’il pose, comme accomplissement de ce que les Ecritures annoncent mais aussi comme révélation plénière du mystère porté à la connaissance des hommes. Ainsi, sans la foi, il est impossible de reconnaître que Jésus est Dieu le Fils et donc le Messie, puisque s’il est le Fils de Dieu, il est forcément le Messie.

Aussi dans nos vies de chaque jour, il est impossible de voir l’action de Dieu sans la foi. En effet, si Jésus a agi concrètement de façon visible pour tous ceux qui étaient témoins de ses miracles malgré le doute des élites concernant sa divinité, à plus forte raison, une fois montée au ciel et après avoir envoyé le Saint Esprit, son action salvatrice et sanctificatrice ne pourra être connue qu’avec la foi. C’est tout le sens de la parole que Jésus a dit à saint Thomas : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu » (Jn 20,29). Ainsi, l’Evangile nous invite à ne pas mettre notre seule confiance dans ce que nos sens et notre raison nous montrent, mais bien sur la foi, seule certitude qui conduit et a conduit les saints, a commencé par la Vierge Marie, à gravir, portée par la grâce, les plus hautes marches de la sainteté. En ce sens, la parole que Jésus a demandé à sainte Faustine de faire inscrire sur le tableau de la Miséricorde Divine résume tout le mystère de l’acte de foi : Jésus, j’ai confiance en Toi.

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