L’édito de la semaine, le 3 Juillet 2022

Commentaire de l’Evangile du Jour (3 Juillet 2022, 14ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » (Lc 10,2). Jésus formule cette intention de prière à ses disciples, la seule qu’il ait formulée explicitement dans l’Evangile. Il prend la peine d’ajouter « Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. » (Lc 10,3), pour montrer que les ouvriers pour la moisson reçoivent une mission délicate, qui ne repose pas seulement sur des ressorts humains, car quel agneau peut résister aux dents d’un loup, mais bien sur des ressorts spirituels. Jésus n’a-t-il pas dit : « Sans moi vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15,5) ? A plus forte raison pour les choses qui relèvent du ressort divin, l’action de Dieu est nécessaire. Autrement dit, les ouvriers de la moisson ne peuvent être des représentants du peuple, des hommes choisis par le peuple, puisque le rôle n’est pas de représenter le peuple, mais plutôt d’être les ministres du Seigneur, les intendants des dons de Dieu, ceux qui agissent dans la personne du Christ tête de son Eglise, ceux qui disent : « Ceci est MON corps. Ceci est MON sang, JE vous pardonne tous vos péchés. » On saisit l’importance cruciale du ministère sacerdotal, non pas comme un privilège, un titre honorifique que le monde avec son esprit pourrait congratuler, mais bien comme le serviteur des dons du Seigneur, chargé par leur ministère d’aider à faire vivre le Christ dans les âmes de ceux qui lui sont confiés. L’esprit du monde abîme l’image du ministre du Seigneur. Tantôt, il fait de lui un homme de pouvoir, le pousse ou le considère comme tel ; on appelle cela le cléricalisme. Tantôt, il est jalousé et conduit d’autres à vouloir se donner une place de pouvoir aussi équivalente à leurs yeux, de telle sorte, qu’en condamnant le cléricalisme des prêtres, certains sont tentés de lui substituer un cléricalisme de fidèles-laïcs. Tout cela est une image désastreuse du sacerdoce. Ce mystère qu’est le joyau du don de Dieu pour servir son Eglise et la rendre vivante des grâces du Seigneur ne peut être occulté au profit d’une vison mondaine du sacerdoce en de simples chefs de communauté. Lorsque le Christ parle de pasteurs, d’ouvriers pour sa moisson, il parle d’agneaux au milieu des loups (cf.Lc 10,3), il parle de donner sa vie (cf. Jn 10,11), il parle de lever les bras, afin qu’un autre lui mette la ceinture pour aller là où il ne voudrait pas aller. (cf. Jn 21,18). « Le sacerdoce est l’amour du coeur de Jésus », disait le saint Curé d’Ars. Jésus nous invite à le voir comme un don de son amour. Il nous invite à voir dans le prêtre non pas avant tout ses qualités que nous voulons louer, ni non plus ses défauts que nous voulons critiquer, mais bien le coeur de Jésus transpercé, laissant couler la fontaine de vie, la fontaine de la miséricorde divine pour abreuver le coeur des fidèles assoiffés de Dieu. En cette période d’ordinations, n’hésitons pas à répondre à la demande du Seigneur : Prier le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. Prions avec l’intercession de la mère des prêtres, la Vierge Marie, celle qui veut faire grandir en chacun d’eux l’image de son Fils, pour que les jeunes entendent l’appel du Seigneur, qu’ils y répondent, qu’ils persévèrent et qu’ils deviennent des saints. Le monde a besoin de prêtres parce qu’il a besoin de saints et que les prêtres sont les serviteurs de la sainteté des fidèles-laïcs. Si le monde ne peut vivre sans soleil, il ne peut encore moins vivre sans la grâce de Dieu et de l’absence de prêtres. Telle est aussi l’une des raisons de l’appel de Jésus de demander des ouvriers pour la moisson du Seigneur. 

Bel été à tous.

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