L’édito de la semaine, le 3 Avril 2022

Commentaire de l’Evangile du Jour (3 Avril 2022 5ème dimanche de Carême) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » (Jn 8,7). La réponse de Jésus désarme les scribes et pharisiens, qui ne s’attendaient pas à une telle réponse. Or, quand l’on commence par regarder ce qui ne va pas chez soi, avant de regarder ce qu’il y a de mal chez les autres, on ne peut que refréner son ardeur et son zèle à vouloir absolument appliquer une justice implacable pour les autres. D’ailleurs, saint Jean nous dit, que ce sont les plus âgées qui commencent par partir. Il va sans dire que ces messieurs ont bien des choses à se faire pardonner. Cette leçon que Jésus donne aux scribes et aux pharisiens, qui pensaient piéger le Christ, s’adresse à tous. Lorsque l’on est épris de justice, n’oublions pas la miséricorde, car comme le dit saint Jacques : « Parlez et agissez comme des gens qui vont être jugés par une loi de liberté. Car le jugement est sans miséricorde pour celui qui n’a pas fait miséricorde, mais la miséricorde l’emporte sur le jugement. » (Jc 2,12-13). Autrement dit, si l’on en reste à la seule loi, on tombe sous le couperet de la loi, qui sera sans miséricorde pour nous tandis que si l’on fait preuve de miséricorde, la justice qui s’ensuit sera éprise de miséricorde. Ainsi, Jésus ne peut que dire à la femme prise en flagrant délit d’adultère : « Je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. » (Jn 8,11). Il la relève, lui qui s’est abaissé au sol, pour écrire à même la terre. De fait, « Jésus Christ, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père. » (Phil 2, 6-11). En d’autres mots, par son humanité crucifiée, inscrivant sur le bois de la Croix son sacrifice, il relève l’homme tombé dans le péché qui réclame la mort pour l’offense commise. Il n’y a que celui qui est source de la miséricorde et de la justice qui peut rendre le verdict et prononcer la sentence : « Je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. » (Jn 8,11). Jésus n’est pas venu pour condamner mais faire miséricorde. C’est l’enseignement nouveau qui sort de sa bouche et qui s’applique à l’instant même où Jésus est transpercé une fois mort sur la Croix, de telle sorte qu’il a pu dire au bon larron : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis. » (Lc 23,43). 

Ce que fait Jésus, nous sommes invités à le faire, car qui sommes-nous pour condamner alors que, comme les pharisiens et les scribes, nous sommes pécheurs ? De fait, ne peut expérimenter la miséricorde que celui qui en fait preuve envers son prochain. Il y a comme une impossibilité d’accueillir la miséricorde pour nous-mêmes sans faire preuve de miséricorde pour les autres. Fermer son coeur à autrui, induit nécessairement de fermer son coeur à Dieu, puisqu’il est impossible d’aimer Dieu que l’on ne voit pas sans aimer son frère que l’on voit. Cette certitude de l’Evangile est la seule règle de conduite possible, que les saints se sont tous évertués de mettre en pratique, à commencer par la Vierge Marie à un niveau inégalable, puisqu’elle a accepté d’être la mère de tous les hommes, y compris de ceux qui se sont le plus déchaînés sur son Fils Jésus. En elle, nous avons un guide sûr, qui nous aide à mettre l’amour dans notre coeur, là où il fait défaut et à grandir dans l’espérance, là où le désespoir peut gagner le coeur des hommes, puisqu’elle même n’y a jamais sombré, même à l’instant tragique de la Croix.

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