L’édito de la semaine, le 28 Janvier 2024

Commentaire de l’Evangile du Jour (28 Janvier 2024, 4ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent  » (Mc 1,27) s’exclament les hébreux. Une différence notable est remarquée par tous, c’est que Jésus n’agit et ne parle pas comme les scribes et pharisiens. Il agit et parle avec autorité, ce qui veut dire qu’il n’agit pas et ne parle pas en étant comme un porte-parole, au nom d’un autre. Non, il parle et agit en son nom propre et cela change radicalement le pouvoir même des paroles et des gestes : ils ont un poids tel qu’ils sont perçus par tous comme si Dieu lui-même parlait et agissait. Ceci, bien sûr, ne nous étonne pas puisque nous savons qu’il est Dieu le Fils. Or, pour les contemporains de Jésus, c’est quelque chose de radicalement nouveau, qui ne manque pas de déconcerter et de surprendre et même de « frapper de stupeur » (Mc 1,27) ses auditeurs. 

Cela a pour conséquence que ce ne sont pas seulement les paroles et les gestes que Jésus accomplit qui ont leur importance, mais aussi et surtout l’autorité avec laquelle il les accomplit. Ainsi, avoir la foi n’est pas croire seulement à cause de telle ou telle parole dite et tel ou tel geste accompli. C’est surtout croire que celui qui parle et agit est bien Dieu, le Fils du Père éternel, de sorte que tout ce qu’il dit et fait, d’emblée, j’y accorde un acte de foi. Effectivement, avoir foi, ce n’est pas : je suis d’accord avec ce qui est dit et fait, donc je crois. Cela n’est pas croire, mais plutôt admettre. Non, croire concerne la personne même du Fils de Dieu : je crois, car celui qui parle et agit est Jésus, que je crois être le Fils de Dieu, et donc tout ce qu’il dit et fait, même si cela me semble profondément obscur, je crois. La foi touche donc la personne même et non pas seulement ce qu’elle dit et fait. Là, nous touchons le coeur même de notre foi chrétienne. L’acte de foi est en la personne du Fils Dieu fait homme venu dans le monde pour donner sa vie sur la Croix. 

Veuillez me pardonner mes répétitions, mais cela est tellement crucial, que c’est précisément la pierre d’achoppement sur laquelle beaucoup vont buter. De fait, tant que Jésus accomplit des miracles aussi impressionnants les uns que les autres (guérisons de malades, estropiés, aveugles, sourds…, chasser les démons, multiplication des pains, jusqu’à faire revenir des morts à la vie) tout va bien, les foules sont enthousiastes. Mais, lorsqu’il s’agit d’annoncer des mystères (pardon des péchés, manger sa chair et boire son sang, souffrance et crucifiement…), là, c’est tout autre chose ; les coeurs sont souvent incrédules, y compris parmi ses disciples, de sorte que beaucoup le quitteront, notamment lors du discours du pain de vie (Cf Jn 6). Ainsi, admettre tel ou tel miracle : « c’est lui vraiment le Fils de Dieu », ne me fait pas pour autant quelqu’un qui a la foi. En revanche, parce que je crois en lui, quels que soient ses paroles et ses gestes, même incompréhensibles, cela fait de moi un homme de foi. Telle fut la Vierge Marie : lorsque Jésus a 12 ans et qu’après trois jours à chercher, Marie et Joseph le retrouvent au Temple, sa mère ne lui dit-elle pas : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! » (Lc 2,48) et lui de répondre : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » (Lc 2,49). Et saint Luc d’ajouter : « Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait… Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements. » (Lc 2,50-51). Voilà l’authentique acte de foi de la Vierge Marie. A son école, demandons-lui son aide.

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