L’édito de la semaine, le 28 Avril 2024

Commentaire de l’Evangile du Jour (28 Avril 2024, 5ème Dimanche de Pâques) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15,5) dit Jésus à ses disciples. Cet enseignement de Jésus est d’une importance capitale, car, dit le Christ, : « en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15,5). On est donc, d’autant plus, enclin à l’écouter. Pour nous rassurer, et dans le cas où nous ferions la sourde oreille, Jésus ne va pas lésiner sur les répétitions à foison. Le mot qu’il ne cesse de répéter est le verbe « demeurer » : « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit. » (Jn 15,5). Rien que dans la portion de l’Evangile de ce dimanche, on le trouve huit fois, c’est dire l’insistance qu’il accorde à ce verbe. Et cela, ne va pas seulement dans un seul sens, mais bien dans les deux : Jésus demande de demeurer en lui, comme lui-même veut demeurer en nous. Or, il peut véritablement demeurer en nous, au point de faire porter beaucoup de fruit, qu’à la condition que nous demeurions en lui. Autrement dit, ce n’est pas lui qui fait défaut et qui va à reculons, c’est plutôt nous qui sommes le facteur limitant, tant lui est enclin à vouloir demeurer en nous. Ainsi, pourrait-on dire, qu’il nous supplie de demeurer en lui pour que lui puisse demeurer en nous et porter en conséquence du fruit. Aussi, il nous faut préciser que veut dire demeurer ? Quel est le sens que Jésus donne à cette demande ? Demeurer est le synonyme d’habiter, de loger, de résider, de vivre, autrement dit d’être en lui, de vivre de lui, ce qui est de toute évidence l’aimer, car on ne peut pas demeurer, vivre, habiter réellement sans aimer. Ainsi, Jésus nous demande de l’aimer au point que nous souhaitions demeurer, habiter, loger, résider en lui et vivre de lui, un peu comme deux amoureux souhaitent partager toute leur vie pour ne faire plus qu’un. Il y a donc comme un mariage que Jésus souhaite sceller avec chacun d’entre nous, de sorte que le but de notre vie est de vivre de son amour et que nous souhaitions tout faire pour lui, avec lui et en lui. Or, cet amour, comme tout amour authentique, demande nécessairement des renoncements de notre part, car on ne peut véritablement aimer si l’on ne souhaite pas faire la volonté de l’autre. Si dans un couple, il va de soi, que cela doit être mesuré, car nul n’est parfait, et que c’est l’exercice de l’accueil des deux « je » qui peut faire émerger un « nous » ; avec Dieu, il en va autrement. Lui est parfait et ne peut vouloir que notre bien, de sorte, que non seulement il n’est pas déraisonnable de faire toute sa volonté, mais au contraire, il est éminemment de notre intérêt de ne faire que sa volonté. Ainsi, Jésus ne peut manifester avec plus d’éclat la grandeur à laquelle il appelle l’homme. On est très loin d’une vie faite simplement de règlements et des soumissions à un dieu lointain, qui demeurerait étranger à la vie des hommes. Au contraire, une telle proximité voulue par Dieu, dans le plus grand respect de la liberté de l’homme, est à un tel niveau d’amour, que l’homme ne peut tout simplement imaginer qu’une telle chose puisse être possible. Seule la révélation de Dieu en Jésus Christ a fait connaître aux hommes la grandeur du mystère auquel l’homme est invité à accueillir dans l’humilité d’un coeur conquis par la grâce de Dieu.

La Vierge Marie, ainsi que tous les saints, en ont compris la profondeur, de sorte qu’ils ont communié au bonheur que Dieu a promis aux hommes, et ce dès ici-bas, certes dans la foi, mais non pas moins grand que dans la vision accordée à ceux qui ont franchi la mort. Aussi, sommes-nous invités, comme eux, à demeurer en Dieu pour que Dieu puisse demeurer en nous et fasse porter de nombreux fruits de grâce.

 

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