L’édito de la semaine, le 27 Novembre 2022

Commentaire de l’Evangile du Jour (27 Novembre 2022 1er Dimanche de l’Avent) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Veillez donc… Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » (Mt 24,42.44). Le retour de Jésus dans la gloire à la fin des temps se fera de manière semblable à ce qui s’est passé à l’époque de Noé, lors du déluge, nous dit Jésus : « les gens ne se sont doutés de rien. » (Mt 24,39). Les gens ne sont pas prêts, nous dit Jésus. Ils mènent une vie sans Dieu, comme s’il n’existait pas ou du moins comme si son existence était sans importance, sans préparation à la grande rencontre avec lui et finalement sans foi ni espérance. Alors, de fait, quand le jour arrive, ils ne sont pas prêts et sont dans l’incapacité de l’accueillir. Cela ne fût-il pas le cas lorsque l’enfant Jésus est venu dans la crèche de Bethléem : il n’y avait même pas de place dans une salle de la ville pour l’accueillir, seulement une humble étape, tout à l’image du Seigneur ? Et à la Croix, presque personne, seulement quelques femmes et le fidèle apôtre saint Jean furent présents. La foule, qui pourtant enthousiaste devant l’opération de nombreux miracles et qui l’acclama seulement cinq jours plus tôt avec des rameaux, honorant son entrée dans Jérusalem en étendant des tapis de manteaux sur son passage, s’est tout simplement retournée contre lui, lors de son arrestation en vociférant, devant Ponce Pilate : « crucifie-le, crucifie-le » (Mt 27,22 ; Mc 15,13 ; Lc 23,21 ; Jn 19,15). De même, à l’exception de saint Jean, les apôtres, les plus proches de Jésus, ceux qui ont partagé sa vie pendant trois ans, jours et nuits, ont tous déserté et abandonné leur Seigneur. Saint Jean résumera, dans le prologue de son Evangile, cet état de fait : « Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. » (Jn 1,11). Ainsi, Jésus veut nous mettre en garde, en état de vigilance, en état de prière pour son retour ultime, aussi bien celui qui concernera son deuxième avènement à la fin des temps, que celui qui concernera chacun d’entre nous lorsque nous quitterons cette terre. Ce n’est pas pour créer une peur quelconque, mais c’est pour nous faire prendre conscience que l’homme n’est pas abandonné de son Dieu Sauveur. Bien au contraire, il veut réveiller en l’homme le désir d’amour, de bonheur, de béatitude que son âme réclame, mais bien souvent négligé par lui-même car trop empressé à ne vivre que pour jouir de la vie de ce monde. Dieu prend soin de nous et il ne peut donner ce bonheur que notre âme réclame sans notre consentement, puisque l’amour implique nécessairement un échange pour que l’amour donné soit reçu. Avec l’aide de la Vierge Marie et des saints, nous sommes invités à mettre au coeur de notre vie le choix de Dieu. Mettre Dieu à la première place, c’est mettre ses commandements en application, autrement dit l’amour de Dieu et du prochain comme une règle de vie. Aimer de la sorte ne veut pas tant dire avoir de l’affection ou de l’empathie, que plutôt désirer le bien pour l’autre comme si cela était notre propre bien, comme si on agissait pour soi-même. Un monde, habité par l’amour selon le commandement du Seigneur, est un monde où l’on prend soin de l’autre. Le Royaume de Dieu est bien cela : le monde de Dieu dans les coeurs, de telle sorte que Dieu vivant en moi, aime en moi aussi bien Dieu lui-même que mon prochain. C’est donc la vie divine qui me transforme de telle sorte que je peux dire avec saint Paul aux Galates « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. » (Gal 2,20).

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