L’édito de la semaine, le 25 Décembre 2022

Commentaire de l’Evangile du Jour (25 Décembre 2022 La Nativité du Christ) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. » (Jn 1,14). Le mystère insondable, qui n’avait jamais été imaginé, Dieu l’a réalisé : Dieu s’est incarné, il s’est fait homme, tout petit enfant né du sein de la Vierge Marie et déposé dans une crèche, une mangeoire, à Bethléem, nom qui signifie la ville du pain. Saint Jean dans le prologue de son Évangile, lu lors de la messe du jour de Noël, nous plonge d’emblée dans le mystère : « le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous ». Dieu vient dans l’humanité pour que l’homme puisse devenir Dieu, par la grâce. Ce que le démon avait suggéré à Adam et Eve : désobéir à Dieu pour être comme des dieux qui connaissent le bien et le mal, Dieu donne à l’homme de devenir Dieu, de partager son existence, mais avec sa grâce et dans l’obéissance de la foi, car ce que l’homme ne peut produire et ravir, Dieu le donne en beaucoup mieux dans la perfection de son amour que ce que le mensonge du diable avait laissé imaginer dans le coeur de l’homme. Le mystère s’accomplit dans l’ombre de la foi, dans une mangeoire d’une étable, puisque le peuple, bien que préparé depuis de nombreux siècles par les prophètes, n’a pas daigné donner un toit pour accueillir le Roi des cieux. Une simple étable, hors de la ville, et une humble mangeoire seront le lieu d’accueil que Dieu s’est choisi pour venir au sein de ce peuple à la nuque raide. Saint Jean, dira dans son prologue cette phrase terrible qui laisse imaginer l’endurcissement du peuple élu : « Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. » (Jn 1,11). D’ailleurs, l’ombre de la Croix plane dans le mystère de la nativité : Jésus est déposé dans une mangeoire, ce qui annonce qu’il va livrer son corps pour être donné en nourriture, il va livrer sa vie pour que l’homme puisse être relevé de sa déchéance. Ainsi, Noël est avant tout un mystère, un don de Dieu, auxquels les simples, les pauvres, les bergers, à la voix de l’ange du Seigneur, sont invités à venir, au pied de la crèche, pour voir l’enfant Dieu. Il n’y avait rien d’extraordinaire à voir, seulement, simplement, un enfant couché dans une mangeoire, et pourtant, nous dit saint Luc, « Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé. » (Lc 2,20). C’est le paradoxe, avec Dieu, ce qu’il y a de plus grand prend l’apparence de choses insignifiantes. De fait, le mystère n’est pas visible de l’oeil charnel, seulement l’oeil de la foi permet de le saisir. Ce qui échappe à l’orgueilleux, l’humble le saisit. Ce qui laisse de marbre les sens, l’intelligence de la foi est subjuguée. Noël, c’est la naissance de l’enfant Dieu, ce que le monde, aussi bien jadis lors de l’évènement, tout comme aujourd’hui, ne semble pas enthousiasmer les foules et pourtant, cet événement va changer radicalement le cours de l’histoire : Dieu entre dans l’histoire des hommes, il entre dans le cours de l’humanité pour en changer la destinée, pour que ses aspirations les plus profondes et authentiques, bien que voilées pour nombre d’hommes, puissent se réaliser. L’homme a soif d’absolu, il a soif de Dieu et lui seul est à même de le combler : « A tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. » (Jn 1,12). 

La Vierge Marie, la première est nourrie par de tels mystères. Elle « retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. » (Lc 2,19). A son école, contemplons la douceur de la présence de Dieu sous la figure de l’enfant de la crèche, qui nous révèle dans le silence du coeur, la profondeur d’un Dieu qui a daigné épouser l’homme pour qu’il puisse répondre à son appel miséricordieux.

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