L’édito de la semaine, le 25-26 Décembre 2021

Commentaire de l’Evangile du Jour (25 Décembre 2021 – Noël – 26 Décembre 2021 – La Sainte Famille) de l’Abbé Thierry Delumeau :

«  Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur » (Lc 2,11). Oui, c’est bien le Sauveur de l’humanité qui est né. Saint Jean nous dit dans le prologue de son Evangile, que nous entendons à la messe du jour de Noël : « le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. » (Jn 1,14). Autrement dit, c’est Dieu lui-même, le Fils éternel du Père qui est venu dans le monde. Né du sein de la Vierge Marie, il est devenu homme, prenant chair d’elle, animé d’une âme humaine, tout en restant Dieu lui-même. Ce mystère est insondable, inimaginable, car qui aurait pu penser un seul instant que le Dieu tout-puissant créateur de l’univers, lui l’Eternel, pourrait devenir homme tout en restant Dieu, pourrait venir dans le monde épouser la condition de l’homme, naitre dans une mangeoire, puis donner sa vie sur la Croix pour sauver l’humanité de la mort, conséquence du péché ? Oui, qui a pu imaginer cela ? Personne, tant la divinité nous parait tellement éloignée de la vie des hommes. Or, Dieu a un tel amour pour sa créature, créée à son image et à sa ressemblance afin de partager sa vie, qu’il ne pouvait se résoudre à la voir éloigner pour l’éternité de son dessein, sans qu’il prenne les grands moyens, pour non seulement la sauver de cet état de misère dans laquelle elle s’est fourvoyée, mais aussi pour lui montrer de quel degré son amour est capable. Son amour a été jusqu’à prendre la dernière des places en naissant dans une mangeoire, à Bethléem, dans la ville du pain, pour signifier qu’il voulait se donner en nourriture, livrant son corps et son sang sur le bois de la Croix. Ce mystère de Noël révèle le mystère de Dieu qui se fait tout petit enfant, tout fragile entre les mains de ses créatures, entrant dans le temps et le monde dans  un grand abaissement, signe de l’humilité d’un Dieu qui vient rejoindre l’homme pour habiter son coeur de sa présence, pour être source de la vie éternelle. Il invite les bergers à venir adorer l’Enfant-Dieu ; il conduit les mages par l’étoile pour que les nations viennent se prosterner et adorer le Seigneur Dieu, Roi de l’univers venu s’offrir en sacrifice pour justifier les hommes devant le Père. Dieu ne pouvait révéler de plus grande humilité pour venir à la rencontre des hommes que par la naissance de l’enfant. La Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph révèle la profondeur du mystère de l’amour que Dieu donne à chaque homme. Elle nous montre que la famille est l’école par excellence de l’amour, par lequel tout homme se construit. Elle est le lieu où chaque personne apprend à s’aimer, se donner, servir et pardonner. Elle est le lieu où l’homme parvient à sa pleine maturité grâce à l’amour vécu entre les membres de la famille. 

Or, aujourd’hui, il faut bien l’avouer les familles souffrent dans une société qui a exacerbé l’individualisme, le plaisir et le profit personnel au détriment de la qualité des relations entre personnes, jusqu’à blesser profondément la capacité à se donner et se recevoir pleinement. Le mystère de Noël, la Sainte Famille nous invite à remettre au centre de nos familles l’amour comme don de soi et non pas la recherche à tout prix de nos désirs personnels. Jésus n’a-t-il pas dit dans l’Evangile de Saint Jean : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15,13) ? Autrement dit, il n’y a pas d’amour vrai sans don de soi. 

Prions la Sainte Famille de nous aider à vivre cette exigence de l’Evangile, qui n’est autre que la plus profonde aspiration de nos coeurs. Nous avons été créés pour aimer en se donnant et en se recevant.

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