L’édito de la semaine, le 24 Décembre 2023

Commentaire de l’Evangile du Jour (24 Décembre 2023, Messe de la nuit de Noël) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » (Lc 2,11-12) annonce l’ange du Seigneur aux bergers. Les moyens, que le Seigneur prend pour venir en ce monde, paraissent bien étonnants. Ce que les prophètes annoncent depuis des siècles, un mystère inouï, dont personne ne peut en scruter la profondeur tant il dépasse toute imagination, voilà que Dieu l’accomplit dans l’intimité de la crèche, à l’abri des regards, semblant concerner tellement peu de monde, que Dieu envoie son ange pour annoncer la nouvelle aux bergers. Ceux qui sont invités, sont avant tout les pauvres, ceux qui ne peuvent être que bouche bée devant un tel mystère : un Sauveur, né dans une crèche, dans une mangeoire. Ce mystère met l’accent d’un Dieu qui a choisi l’humble mangeoire de Bethléem, parce que le Sauveur veut venir demeurer dans la crèche de notre coeur ; il vient dans la sainte communion donner son Corps en nourriture, pour que l’homme se nourrisse et vive de Dieu. Déjà, plane à la crèche l’ombre de la Croix, sur laquelle Jésus donnera sa vie en plénitude et livrera son Corps pour le pardon des péchés. Or, pour que l’homme accueille ce mystère d’un Dieu fait homme et puisse vivre de Dieu, encore faut-il qu’il ait le coeur humble et soit un pauvre de coeur. C’est ce qu’incarnent les bergers, qui, à l’invitation de l’ange du Seigneur, se mettent en hâte en marche pour aller contempler le mystère d’un Dieu dans l’enfant emmailloté et déposé dans une mangeoire : « Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, l’événement que le Seigneur nous a fait connaître. » (Lc 2,15). Pourtant, à priori, il n’y avait rien d’extraordinaire à voir, rien qui ne puisse réclamer un déplacement ou susciter une telle curiosité, puisque les bergers n’ont vu simplement qu’un nouveau-né couché dans une mangeoire : « Ils se hâtèrent d’y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. » (Lc 2,16). Or, saint Luc, dans son Evangile, nous dit : « Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers… Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé. » (Lc 2,17-18.20). De fait, ils ne sont pas allés voir seulement un enfant, ils sont allés voir le Sauveur, le Christ Seigneur, celui qu’on ne peut voir que sous le signe donné : « vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » (Lc 2,12). Les coeurs de ces bergers sont dans l’accueil de la grâce, du mystère annoncé par l’ange du Seigneur ; ils ne discutent pas, demandant preuves et signes dont la raison ne pourrait aucunement remettre en cause. Non, ils accueillent. Ils sont « les pauvres en esprits » dont parle Jésus dans les Béatitudes (cf Mt. 5,3). C’est l’attitude juste, la seule, qui permet à l’homme de reconnaître son Sauveur, la seule qui puisse lui permettre de communier au mystère et à la présence de Dieu. Devant la sainte communion, ne sommes-nous pas invités à un tel esprit : la foi en Celui qui ne peut être connu autrement que dans l’amour d’un Dieu qui se donne et qui demande à être reçu ? Or, Dieu ne peut être connu et reçu que dans l’ombre de la foi, car il est impossible de voir Dieu ici-bas, de le connaître aussi bien par les sens et la raison, tant Dieu est infiniment grand et dépassant de manière infinie ce que l’intelligence la plus grande de l’homme puisse saisir. Seule, la foi, c’est-à-dire l’accueil du mystère que Dieu donne à connaître par révélation, permet, ici-bas, à l’homme d’entrer quelque peu dans sa profondeur, avant, que dans la pleine communion d’amour, au ciel, il puisse vivre la vision béatifique.

La Vierge Marie, elle-même, était plus que tous, dans cette attitude, que saint Luc résume en disant : « Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. » (Lc 2,19). Aussi, sommes-nous, en cette fête de Noël, comme les bergers, invités à glorifier et louer Dieu et, comme la Vierge Marie, à retenir tous ces événements et les méditer dans notre coeur.

Joyeux Noël à tous.

Découvrez aussi...